Après avoir accueilli sur son sol des missionnaires, le Japon shogunal décide à la fin du XVIème siècle de bannir le catholicisme et de persécuter les croyants. Bravant cette interdiction, deux prêtres portugais prennent pied à Kyushu à la recherche de leur aîné, dont on dit qu’il aurait abandonné l’état ecclésiastique.
Accueillis par une communauté reculée dont ils reprennent en main l’éducation religieuse, ils réussissent pendant quelque temps à échapper à la vigilance des autorités. Mais ils sont bientôt appréhendés. Le pouvoir exige qu’ils abjurent leur foi. S’ils s’y refusent, leurs fidèles seront cruellement torturés.
Ce titre et ce résumé éveillent-ils un écho ? Filmé en 1971, inédit sur les écrans français alors même qu’il avait été projeté en sélection officielle à Cannes, Silence est une adaptation du roman de Shūsaku Endo que Martin Scorcese allait à son tour porter à l’écran en 2017. Le Silence de Scorcese était un chef d’œuvre, unanimement salué, auquel j’ai accordé sans barguigner quatre étoiles. Dans mon classement des meilleurs films de l’année, il arrivait deuxième derrière… La La Land.
La comparaison entre les deux versions de Silence est sans pitié pour la plus ancienne. Masahiro Shinoda n’arrive pas à la cheville de Martin Scorcese dont il n’a ni le génie, ni l’ambition. Son film n’est guère servi par une restauration calamiteuse qui donne une image granuleuse et un son crachotant.
Pour autant, il mérite le détour. Car il révèle une autre façon d’adapter le livre de Shūsaku Endo. Scorcese s’est intéressé à ce livre pour ce qu’il disait de la Foi ; Shinoda pour ce qu’il dit du Japon. Scorcese répond à la question : peut-on renier sa foi ? Shinoda à celle : peut-on renier son pays ?