1849. Patrick Tate (Emile Hirsch), sa femme Audrey (Déborah François) et leurs deux enfants se sont arrêtés sur le chemin de la Californie dans une petite bourgade sous la coupe d’un predicateur anglican. Patrick y est devenu charpentier et croque-mort. Audrey attend un troisième enfant. La famille vivrait en paix si le sinistre Dutch Albert (John Cusack), flanqué de ses deux acolytes, le Sicilien et le Muet, n’avait pas décidé de s’installer en ville et d’y ouvrir un saloon au grand dam du pasteur et du shérif.
Après son âge d’or dans les années cinquante, le western est entré dans une longue décadence. On a annoncé sa renaissance au début des années quatre-vingt-dix avec Impitoyable. Mais le genre est aujourd’hui moribond dont les realisations chaque année ne se comptent tout au plus que sur les doigts d’une ou deux mains : l’excellent Hostiles, l’oubliable Jane Got a Gun, le surcoté Les Frères Sister…
Never Grow Old n’est pas sans rappeler le western de Jacques Audiard : mêmes lumières nocturnes, même âpreté des caractères, même boue sale. Mais son scénario est plus ramassé, qui jamais ne franchit les limites de la petite ville où les destins de Pat Tate et de Dutch Albert s’entrechoquent.
On comprend mal le sens de cette histoire digne d’une tragédie grecque, si ce n’est peut-être comme l’annonce l’affiche de dénoncer la cupidité. Le pasteur anglican y apparaît au départ comme un fanatique dangereux qui entend imposer sa loi à ses concitoyens. Mais dès que Dutch Albert apparaît, cette figure disparaît – presque – sans combattre, laissant les deux principaux protagonistes seuls face à face. Ils ne le sont pas tout à fait, Déborah François réussissant à trouver sa place entre les deux acteurs masculins.
Never Grow Old n’est sans doute pas un chef-d’œuvre, qui échoue à se hisser à la hauteur de ses ambitions. Mais c’est un film beau et grave dont la date de sortie en plein cœur de l’été, coincée entre Midsommar et Once upon a time… le condamne à l’invisibilité.