Lee Israel (Melissa McCarthy) a cinquante ans passé. Elle vit seule avec son chat dans un appartement miteux de l’Upper East Side. Auteure de biographies à succès, sa renommée littéraire l’a quittée et, avec elle, sa compagne. Lee a vieilli, a grossi, s’est aigrie. Sans ressources, elle en est réduite à contrefaire des lettres d’écrivains célèbres pour les revendre à des bibliophiles.
Elle n’a qu’un seul confident, qui devient son complice : Jack Hock (Richard E. Grant), homosexuel flamboyant, cocaïnomane et mythomane.
Les Faussaires de Manhattan est inspirée de l’histoire vraie de Lee Israel qu’elle a racontée dans son autobiographie. Elle a contrefait quelques quatre cents lettres autographes, les a vendues avant d’être arrêtée par le FBI.
L’intérêt du film ne vient donc pas de son faux suspense. On sait, dès le début, ce qu’il adviendra de son héroïne. Mais on ne sait pas par quel chemin elle y arrivera.
Tout son charme vient du jeu de ses acteurs. Brune gironde, passée par le seul-en-scène, Melissa McCarthy s’était fait remarquer en interprétant des rôles comiques de personnages sympathiques en surpoids dans des comédies souvent grasses : 40 ans : mode d’emploi,Very Bad Trip 3, Les Flingueuses… C’est une révélation dans le rôle dramatique d’une vieille fille revêche en colère contre le monde entier. Son rôle lui a valu une nomination aux Oscars 2019. On la retrouvera la semaine prochaine dans Les Baronnes dont on dit le plus grand bien. Richard E. Grant, des faux airs de Christopher Walken, lui renvoie la balle à merveille.
Les Faussaires de Manhattan est le premier film de Marielle Heller. Il ne vaut ni par l’audace de sa mise en scène ni par l’inventivité de son scénario. Il ose un classicisme sans esbroufe, une narration platement chronologique à une époque où la déconstruction du récit et des points de vue est devenue la règle [c’est celui qui a encensé Ricordi ? la semaine passée qui parle]. Et il a raison d’oser.