La plasticienne Prune Nourry, Française établie à New York où elle a commencé à se faire un nom dans le monde de l’art contemporain, a trente ans à peine quand on lui diagnostique un cancer du sein.
Elle décide de filmer sa maladie.
Il y a quelques mois sortait Etre vivant et le savoir où Alain Cavalier racontait les derniers mois de la vie de la romancière Emmanuèle Bernheim, atteinte d’un cancer du poumon. Fort heureusement pour elle, Prune Nourry, qui présentait mercredi au MK2 Beaubourg son film, a survécu au cancer qui la frappait.
Son documentaire autobiographique doit être pris au pied de la lettre. La sérendipité est la faculté de réaliser une découverte scientifique dans des circonstances inattendues. J’apprends en consultant Wiktionnary l’étymologie du terme : un conte traditionnel persan Les Trois Princes de Serendip de Horace Walpole (1754) dans lequel les héros trouvaient par accident ce qu’ils ne recherchaient pas.
Serendipty n’est pas en effet un documentaire sur le cancer du sein qui frappe Prune Noury mais sur les découvertes artistiques que cette maladie lui a permis de faire.
Le documentaire est composée de deux types d’images. On y voit d’une part la course d’obstacles qu’une malade atteinte d’un cancer est obligée de subir à commencer par le prélèvement et la congélation de ses ovocytes (la chimiothérapie augmentant les risques de stérilité), la perte de cheveux (filmée avec Agnès Varda qu’on retrouve avec nostalgie sept mois après sa mort), la mastectomie puis la reconstruction mammaire, etc.
Mais on y voit d’autre part les réalisations que la maladie n’empêche pas cette artiste étonnante de continuer à créer. Ainsi d’un Bouddha exposé en morceaux au musée Guimet en 2017. Ainsi d’une armée de terre cuite composée à partir des portraits de huit petites filles chinoises et enterrée en Chine dans un lieu tenu secret jusqu’à son excavation en 2030. Ainsi d’une monumentale amazone exposée à Manhattan.
Sans verser dans la célébration convenue de la-vie-plus-forte-que-la-mort, Serendipity est le témoignage d’une artiste qui, malgré la maladie, voire à cause d’elle, a su régénérer son art.