En 1957, à New York, Lionel Essrog (Edward Norton), affecté du syndrome de la Tourette, a été recueilli et formé par Frank Minna (Bruce Willis), un détective privé. Quand son mentor est assassiné, Lionel enquête sur le crime. Ses recherches le mènent à Moses Randolph (Alec Baldwin), l’homme le plus puissant de la ville, et à Laura Rose (Gugu Mbatha-Raw), une avocate qui s’est mis en tête d’en dénoncer les pratiques mafieuses.
Brooklyn Affairs est l’adaptation d’un roman à succès de Jonathan Lethem dont l’action se déroulait de nos jours. Edward Norton a pris le parti de la transposer dans les années cinquante. C’est l’occasion pour lui, pour son décorateur et pour sa costumière de reconstituer l’ambiance du film noir façon Dashiell Hammett ou Raymond Chandler. Ils ont soigné chaque détail avec un soin jaloux. Grosses caisses, club de jazz, toilettes et chapeaux : rien ne manque à cette reconstitution soignée.
Le scénario n’est pas le point fort de ce film. Il n’est pas assez inventif pour surprendre le spectateur. Et il est suffisamment emberlificoté pour le semer en cours de route. Si on rajoute son manque de crédibilité – l’idylle téléphonée entre le héros et l’héroïne – on frise la catastrophe.
Mais on l’évite grâce au jeu des acteurs. À commencer par Edward Norton qui s’attribue le rôle principal – on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Cet acteur à l’air d’éternel adolescent a soufflé ses cinquante bougies, mais n’a pas eu la carrière qu’il aurait méritée. Il est certes devenu célèbre ; mais il n’a pas accédé au statut de super star. Pourtant, il a joué dans quelques chefs d’oeuvre (Fight Club, American History X, Moonrise Kingdom) et y a toujours fait preuve d’une étonnante richesse de jeu dans des personnages souvent borderline comme celui qu’il interprète ici. À ses côtés, on retrouve quelques pré-retraités hollywoodiens (Bruce Willis, Willem Dafoe, Alec Baldwin), en compagnie desquels les 2h25 que dure Brooklyn Affairs passent sans regarder sa montre.