En 1927, Lilian Alling a disparu en ralliant à pied la Russie depuis New York en traversant le continent américain puis le détroit de Béring. Un réalisateur autrichien, Andreas Horvath, a transposé cette histoire vraie à notre époque et confié le rôle principal, quasiment muet, à une plasticienne polonaise, Patrycja Planik.
Lillian est une longue errance à travers les États-Unis. On y retrouve la soif d’absolu qui nourrissait déjà Into the Wild, Wild, Captain fantastic ou Leave no Trace dont les protagonistes mutiques tournaient le dos à la société et revenaient à la nature. Si Lilian a la même radicalité que ces quatre films-là, il n’est pas aussi réussi qu’eux.
La faute peut-être à une trop grande radicalité. Le réalisateur refuse d’expliquer la dromomanie de Lillian : on ne saura rien de son passé, de ce qu’elle fuit et de ce vers quoi elle va. Il refuse également d’enjoliver les étapes de son périple de rencontres édifiantes. Il filme à l’os une femme qui marche, seule, dans une nature, splendide et indifférente. Seule dérogation à ces principes rigoureux : des épisodes quasi-documentaires qui sont autant de témoignages sur l’Amérique profonde, celle même que documentait Frederick Wiseman dans Monrovia, Indiana, Claus Drexel dans America ou Stéphanie Gillard dans The Ride, ses rednecks confits dans leurs préjugés, ses rares belles âmes compatissantes.
Les images sont belles. On peut se laisser happer par leur beauté hypnotique. Jusqu’à un épilogue étonnant filmé au milieu du détroit de Béring, auprès d’Inuits chassant la baleine au harpon comme au temps jadis.
Mais on risque aussi de trouver le temps long. Très long.