Artiste désargenté, Picchio (Ugo Tognazzi) échoue dans une maison de retraite dirigée d’une main de fer par un ancien militaire. Ses gags hilarants ont tôt fait d’y semer la zizanie. Picchio y fait la connaissance de Renata (Ornella Mutti), une femme de chambre. Quand le retraité touche un magot qui lui permet de quitter son mouroir, il fuit à Rome avec la jeune fille.
Les Acacias distribuent une retrospective consacrée à Dino Risi, le prince de la comédie italienne. Servi par d’admirables interprètes comme Vittorio Gassman (avec qui il a touné pas moins de dix-sept films dont l’inoubliable Parfum de femme, son chef d’oeuvre), Alberto Sordi ou Nino Manfredi, Dino Risi s’est fait une spécialité du film à sketchs, un genre qui connaît une récente et surprenante renaissance (Les Nouveaux Sauvages, La Ballade de Buster Scruggs des frères Cohen en exclusivité sur Netflix, Selfie…). Les personnages qu’il y caricature sont autant de spécimens de la société italienne, fanfarons, obsédés sexuels, hypocrites et lâches.
Le cinéma de Dino Risi est caustique. Dernier Amour n’échappe pas à la règle qui ne se moque pas toujours gentiment de ses protagonistes. Picchio est un vieux clown pas toujours drôle auquel Renata ne cèdera pas tant qu’il n’a pas le sou. Renata est une jeune écervelée qui quittera Picchio à la première occasion pour un amant plus jeune ou plus riche. Les autres personnages de la maison de retraite forment une galerie de « monstres » séniles et pathétiques.
Le titre original en italien est Primo amore, un titre plus optimiste et plus ambigu que sa traduction en français. Premier amour de Renata ? ou première aventure amoureuse de Picchio après sa retraite ?
Dernier Amour a vieilli, comme a vieilli toute l’oeuvre de Dino Risi. Le cabotinage de Ugo Tognazzi est insupportable – il allait tourner l’année suivante La Cage aux folles. Ornella Muti est sans doute très jolie ; mais elle joue comme une quiche et on comprend mal – ou alors on comprend trop bien – les motifs pour lesquels son interprétation lui a valu la Grolla d’oro de la meilleure actrice en 1978. Surtout, au-delà de son cynisme doux-amer, Dernier Amour baigne dans une atmosphère innocemment phallocratique démodée, sinon révoltante, quand on la regarde avec les lunettes de #MeToo.