Oskar, Lily et leur mère sont réfugiés tchétchènes. Ils vivent en Autriche depuis six ans et se sont bien intégrés. Leur père a été expulsé. Et ils sont sur le point de l’être quand la police vient les arrêter. Pour retarder leur expulsion, leur mère fait une tentative de suicide qui conduit à son hospitalisation et à leur placement dans deux familles d’accueil. Oskar est recueilli par une famille de professeurs bobos écolos vegans, imbus de leur bonne conscience, qui ont un enfant en bas âge et hébergent une grand-mère parkinsonienne. Lily, elle, est placée chez une femme célibataire en mal de maternité.
Le pitch d’Oskar et Lily, son affiche, son sous-titre m’inspiraient les plus expresses réserves. Pour être honnête, il ne figurait pas parmi mes priorités de la semaine. Mais, ma boulimie cinéphilique du week-end – en attendant que le niveau 3 du Covid-19 ne ferme les salles – l’a placé sur mon chemin. Dois-je le regretter ?
Certes Oskar et Lily n’a pas l’âpreté de Illegal, un formidable film belge de Olivier Masset-Depasse, sorti en 2010, avec Anne Coesens et hélas passé inaperçu qui mettait en scène une mère russe et son fils sous le coup d’un arrêté d’expulsion – un film auquel je me suis longuement référé dans ma communication « Schengen au cinéma » aux VIIèmes rencontres Droit et cinéma de La Rochelle en 2014 (c’était ma minute d’auto-promotion) . Il n’a pas non plus celle de Oleg, sorti l’automne dernier, qui mettait en scène un immigré letton quasiment réduit à l’esclavage en Belgique.
Mais Oskar et Lily parvient à dépasser son point de départ misérabiliste. Certes, le film nous réserve son lot de séparations dramatiques et de retrouvailles larmoyantes. Certes, les deux jeunes enfants portent une image un peu trop lisse, un peu trop parfaite. Mais Oskar et Lily ne sombre pas dans la mièvrerie ni dans le manichéisme. Le mérite en revient largement aux deux jeunes acteurs qui, bien dirigés, évitent le cabotinage.