Les Tuche sont prolos depuis plusieurs générations. Cela n’empêche pas Jeff Tuche (Jean-Paul Rouve), sa femme Cathy (Isabelle Nanty) et leurs trois enfants de former une famille heureuse et unie.
Tout change lorsque les Tuche gagnent à l’Euroloterie. Les voici soudainement multi-millionaires. C’est l’occasion pour eux de vivre leur rêve : s’installer à Monaco. Chacun des membres de la famille s’y acclimate non sans mal.
Avec le confinement, je redécouvre ma télévision. J’y suis en direct, comme des millions de Français, les allocutions présidentielles. Je me réjouis de la décision de Canal + de diffuser en clair. Et, pour permettre un sevrage en douceur depuis la fermeture des salles, je regarde des films. Le pire y côtoie le meilleur. Hier soir, c’était Tempête à Washington de Otto Preminger. Avant-hier, Les Tuche. Le premier était diffusé sur Arte, le second sur TF1. Sans commentaires….
Je n’avais pas vu Les Tuche au cinéma. Ni sa suite. Ni la suite de sa suite. La série a connu un immense succès public : Les Tuche ont attiré 1.5 millions de spectateurs, Les Tuche 2 4,4, Les Tuche 3 5,5… Un succès croissant qui rend inéluctable la réalisation d’une suite de la suite de la suite dont la sortie est prévue le 9 décembre 2020 si le monde d’ici là ne s’est pas arrêté de tourner.
Avant de mourir, je voulais comprendre les clés d’un pareil engouement. Signe qu’il est l’heure pour moi de quitter la scène, je n’y ai rien compris. Du début à la fin, j’ai trouvé le film affligeant. Son scénario paresseux tangente le niveau du 3901ème épisode de Plus belle la vie. Ses acteurs en roue libre étalent un cabotinage insupportable, à commencer par Jean-Paul Rouve affublé de tous les accessoires du parfait beauf : jogging, banane, coupe mulet… Et plus grave, on ne rit jamais, ni des personnages, ni des situations.
Détail piquant : le film n’a pas obtenu l’autorisation de tournage des autorités monégasques et a été réalisé à… Sanary-sur-Mer. Je ne sais pas s’il s’agit d’une circonstance atténuante ou aggravante.
Bonjour Yves,
Ceci revient à poser la question : « Pourquoi la médiocrité est-elle aussi populaire ? » Ce qui ouvre une réflexion plus large, au-delà du seul cinéma (les best-sellers en librairie par exemple, et aussi la politique – en évitant le point Godwin). Je crois que la réponse tient à la facilité d’accès (la quête par les foules du moindre effort, qu’on assimile à la « pure distraction ») et aussi au besoin de se sentir, pour un moment, quelque peu supérieur. Le public des Tuche éprouve sans grand mal une sorte de réconfort naturel : « Tiens ! Il y a pire que nous, plus ridicule, plus stupide…. »