On ne chôme pas à l’hôpital Raymond-Poincaré, quelque part en région parisienne. Mais quand un décès inexpliqué condamne à l’isolement l’ensemble des médecins titulaires, la responsabilité du service retombe sur trois jeunes internes, bientôt épaulés par un collègue.
Ce n’est pas la première fois qu’une série se déroule à l’hôpital. On a tous à l’esprit Urgences, Grey’s Anatomy ou Dr House sans oublier Scrubs ou Nip/ Tuck. Je rajouterais à cette liste de titres archi-célèbre l’injustement méconnu The Knick dont l’action se déroule dans un hôpital new yorkais au début du vingtième siècle.
La série TV médical est un genre typiquement américain qui n’a guère connu d’équivalent en France. Il était normal que Thomas Lilti ouvre la voie. Il avait déjà réalisé un film éponyme en 2014, grand succès critique et public (800.000 entrées en France). Le passage au format long produit par Canal + n’était pas sans logique pour un sujet qui se prêtait volontiers à un traitement dans la durée.
On y plonge dans l’atmosphère unique de l’hôpital avec ses bruits et ses odeurs, ses médecins débordés, ses aides soignants dévoués, ses patients résignés… Est-ce parce qu’on le voit au temps du coronavirus ? On a plus souvent qu’à son tour la larme à l’oeil et le cœur au bord des lèvres.
Hippocrate est une série politique qui décrit un hôpital public à bout de souffle, sans personnel, sans moyen, obligé de confier à des internes des responsabilités exorbitantes ou de faire revenir au service des médecins retraités (attachant Jackie Berroyer). Mais Hippocrate est avant tout une série profondément humaine, qui prend le temps de creuser des personnages plus complexes que la silhouette à laquelle les réduisent des films de quatre-vingt-dix minutes : Chloé (Alice Bourgoin), brillante et autoritaire, Alyson (Alice Belaïdi) et Hugo (Zacharie Chasseriaud) à peine sortis de l’enfance, Arben (le toujours excellent Karim Leklou), Franco-Albanais représentatif de tous ces médecins étrangers qui viennent en France exercer leur art.
Et puis, il y a Anne Consigny. Elle interprète le rôle d’une cheffe de service incroyablement compétente et compréhensive. Si d’aventure un AVC me terrassait et si, cher lecteur, vous deviez à cet instant capital me porter secours, notez ma seule instruction : c’est dans son service que je voudrais être hospitalisé.
Ping Sages-femmes ★★★☆ | Un film, un jour