Gary Zimmer (Steve Carrell) est un consultant politique démocrate qui peine à se remettre de la victoire-surprise de Donald Trump. Découvrant sur YouTube la vidéo d’un colonel en retraite (Chris Cooper) qui s’est dressé devant le conseil municipal de sa petite ville du Wisconsin, solidement républicaine, pour prendre la défense des sans-papiers, il décide de sponsoriser sa candidature aux prochaines élections municipales. Même si l’accueil de ses hôtes est hospitalier, le dépaysement est rude pour Gary qui doit renoncer à ses goûts de luxe. La campagne prend bientôt une dimension nationale et attire une autre consultante, la redoutable Faith Brewster (Rose Byrne) qui travaille pour les Républicains.
Il y a deux parties dans Irresistible. La première dure une heure trente. Elle réjouira les bobos comme moi qui auraient voté des deux mains, s’ils l’avaient pu, pour Hillary Clinton en 2016 et ne comprennent pas le soutien dont bénéficie Donal Trump dans l’Amérique profonde, faute peut-être d’y avoir vécu suffisamment longtemps et d’en maîtriser les codes.
Cette première partie, un peu prévisible, s’organise autour d’un double rapprochement. D’un côté, le consultant plein de morgue, débarqué de la capitale, abandonne l’un après l’autre ses habitudes et ses préjugés envers l’Amérique profonde. De l’autre la petite ville de Deerlake va petit à petit basculer dans le camp démocrate pour offrir à notre héros un happy end victorieux.
Les dix dernières minutes viennent démentir ces prévisions. C’est la seconde partie du film dont j’ai déjà trop dit en en révélant l’existence. Le sens d’Irresistible en est complètement renversé. Il ne s’agit plus d’une élégie anti-Trump mais au contraire d’une fable populiste, critiquant les politiciens de tous bords, l’élitisme des professionnels en marketing politique aux techniques soi-disant scientifiques mais aux résultats médiocres, l’argent roi qui fait et défait les élections, la frénésie des campagnes électorales aussi prompte à sonder les électeurs qu’à les ignorer une fois le scrutin achevé.
Le bobo bien-pensant se sent un peu floué ; mais bon perdant, il ne retirera pas son soutien à ce film malin et bien joué qui aura évité l’écueil d’un dénouement prévisible quitte à lui préférer une conclusion moins conforme à ses préférences politiques.