1994. Un homme est abattu dans les rues d’Alger.
Deux autres traversent en voiture le Sud algérien. L’un, sous médicaments, est dans un sale état, les nuits peuplées de cauchemars, les jours plongés dans un brouillard nébuleux. L’autre inlassablement le soigne et l’encourage. On comprend qu’ils sont flics et qu’ils traquent Abou Leila, l’auteur du meurtre commis à Alger.
Abou Leila est un film ambitieux. Il voudrait évoquer la décennie noire en Algérie – qui opposa le gouvernement aux islamistes et fit environ une centaine de milliers de victimes – à travers la paranoïa d’un homme. La thèse est simple et forte : la guerre civile a fait basculer l’Algérie et sa population dans la folie. Elle est illustrée avec une maîtrise impressionnante pour un premier film. Le travail du son est en particulier remarquable. Les paysages du Sahara offrent au dernier tiers du film un écrin majestueux et presque trop écrasant.
Mais Abou Leila a le défaut de s’étirer en longueur. Le film dure deux heures et quinze minutes. Il aurait aisément pu être amputé d’un tiers sans nuire à son sujet. L’attention du spectateur ne se serait peut-être pas perdue dans les sables.