Patience Portefeux (Isabelle Huppert) n’a pas eu beaucoup de chance dans sa vie. Après la mort de son mari, elle a dû élever seule ses deux filles. Elle doit aujourd’hui s’occuper de sa mère vieillissante. Patience est interprète franco-arabe à la Brigade des Stups ; elle est aussi l’amante de son commandant (Hippolyte Girardot). Elle passe ses jours et ses nuits en garde à vue ou, le casque collé aux oreilles, à traduire des écoutes téléphoniques.
Sa vie va changer lorsqu’elle découvre que le fils de l’aide-soignante qui s’occupe de sa mère est impliqué dans le transport d’une cargaison de cannabis. Elle réussit à le protéger mais se retrouve avec la cargaison sur les bras. Ne sachant qu’en faire, elle décide de l’écouler sur le marché. Du jour au lendemain, la prudente Patience devient dealeuse. La brigade des Stups à ses trousses lui a trouvé un surnom : la daronne.
La Daronne est l’adaptation d’un polar de Hannelore Cayre, une avocate convertie à l’écriture dont la renommée ne cesse de grandir.
Mais La Daronne est avant tout un film de Zaza. « Zaza » ? Le mot, passablement irrespectueux, n’est pas de mon invention. J’ai appris qu’il désignait Isabelle Huppert depuis le Elle de Paul Verhoeven qui a donné à sa longue et prolifique carrière un nouveau tour : celui d’une pétroleuse borderline, d’une bourgeoise disruptive, d’une cougar gentiment toquée. Elle a multiplié les rôles de ce genre ces dernières années : prostituée vénéneuse chez Benoît Jacquot (Eva), meurtrière psychopathe chez Neil Jordan (Greta), libertine toxique chez Eva Ionesco (Une jeunesse dorée), enseignante schizophrène chez Serge Bozon (Madame Hyde)…
Je ne l’ai aimée dans aucun de ces films. Pire : je n’ai aimé aucun de ces films. Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire, je trouve son jeu très pauvre, ses moues répétitives, sa voix haut perchée horripilante.
Pourquoi dès lors m’être infligé cette Daronne ? La couleur en était pourtant clairement annoncée par son affiche : plus « Zaza » tu meurs ! Comme dans ses films précédents, Isabelle Huppert écrase ses personnages, les étouffe, les empêche d’exister. Patience Portefeux annonçait pourtant, avec un tel patronyme, un personnage hors du commun. Mais ce personnage disparaît derrière son interprète. Il y a tromperie sur la marchandise : La Daronne nous promet une interprète franco-arabe, une femme tiraillée entre sa mère et son travail, une caïd en herbe…. on ne voit qu’Isabelle Huppert !
Je suis d’accord avec vous sur certains films d’Isabelle Huppert que vous citez. Elle n’a pas retrouvé des rôles aussi intenses que ceux « La Pianiste » ou « Une affaire de femmes ».