Quatre étudiants, Youssef, Yacine, Annabelle et Luca, membres de l’association Saint-Denis ville au cœur, ont décidé d’organiser en juin 2019 la première marche des fiertés en banlieue. Les deux co-réalisateurs les ont suivis dans la préparation de cet événement.
Voilà un documentaire sympathique avec un titre intelligent.
La « première marche » est d’abord la première Gay Pride en banlieue, dans un environnement pas franchement favorable. C’est pour lutter contre l’homophobie, mais aussi pour détruire les préjugés tenaces qui font des banlieues défavorisées un terreau de l’homophobie que cette marche a été organisée.
Mais la « première marche » désigne allégoriquement l’entrée en militantisme de ces quatre jeunes gens, dont les deux jeunes co-réalisateurs – dont c’est aussi le premier long métrage – filment non sans empathie les interrogations et les maladresses.
Des maladresses, ces quatre jeunes gender fluid en commettent, qui bafouillent durant les interviews et qui lestent leurs propos trop bavards de références pachydermiques et pas toujours bien digérées à la sociologie bourdieusienne, au post-colonialisme de Spyvak ou aux théories queer de Judith Butler. Mais ils sont tellement sympathiques, tellement enthousiastes qu’on leur pardonne les yeux fermés leurs erreurs de jeunesse.
Le plus charismatique des quatre est Youssef, homosexuel revendiqué d’origine marocaine façon La Cage aux folles. Il a retenu l’attention des deux réalisateurs au point de faire bifurquer le documentaire qui est sur le point d’abandonner son sujet pour lui consacrer un portrait. il faut dire que le personnage est solaire avec ses mimiques volontairement outrées et son enthousiasme incandescent.
D’une durée d’une heure quatre seulement, qui le fait flirter avec les formats TV, d’une diffusion confidentielle (deux écrans en région parisienne), La Première Marche se condamne à l’invisibilité. Dommage…