Pat Henschel et Terry Donahue, deux Canadiennes du Saskatchewan, se sont rencontrées en 1947. Terry était à l’époque joueuse de base-ball professionnelle. Elles ont vécu ensemble pendant 72 ans à Chicago. Elles ont caché leur amour toute leur vie à leur famille avant d’en faire la tardive révélation. Leur petit-neveu a filmé les dernières années de leurs vies.
Netflix devrait inclure les Kleenex dans son abonnement. Car A Secret Love titille les glandes lacrymales. On ne peut pas regarder Pat et Terry, si fragiles au crépuscule de leurs vies, si soudées dans l’affection mutuelle qu’elles se portent, sans étouffer un sanglot.
A Secret Love traite deux sujets. Celui qui saute aux yeux est l’homosexualité de ses deux protagonistes. Une homosexualité vécue très sobrement, avec une seule règle pendant toutes ces années : la discrétion. Du coup, comme Pat et Terry le disent en riant, l’histoire de leur vie fut banale et ennuyeuse, qu’elles racontent en exhumant les photos jaunies que tous les couples heureux ramènent de leurs vacances.
L’autre sujet du film, qui s’avère finalement le plus important et le plus poignant, est la fin de vie d’un couple aimant. Les deux femmes approchent les 90 ans. La santé de Terry s’est détériorée qui souffre d’un Parkinson de plus en plus handicapant. Leur autonomie diminuant, il faut accepter de quitter la maison où elles ont vécu si heureuses et s’installer dans une maison de retraite.
Il est impossible de nier l’émotion que suscite A Secret Love. Pour autant, on peut, une fois nos petits yeux humides tamponnés et la boîte de Kleenex reposée, juger avec plus de lucidité ce documentaire et en pointer les limites. On peut surtout le comparer avec Les Invisibles, le documentaire de Sébastien Lifshitz qui, sans sentimentalisme, ébauchait en 2012 une sociologie de la communauté gay « invisible » en France loin des outrances provocatrices dont les homophobes de tous poils l’accusent.