Chargé de réaliser un projet autour du thème de la dictature, un professeur de lycée lance avec ses élèves une expérience grandeur nature qui lui échappe rapidement.
La Vague fait partie de ces films-culte qui ne firent pas grand bruit à leur sortie, mais qui acquirent au fil du temps une renommée grandissante. Il la doit en grande partie aux professeurs d’allemand qui le projettent souvent à leurs élèves pour leur montrer comment une dictature peut s’installer. J’ai hélas une bonne vingtaine d’années de trop pour l’avoir vu au lycée (à mon époque, des profs d’allemand soixante-huitards nous y faisaient écouter 99 Luftballons de Nina pour nous alerter sur les dangers de la division allemande). C’est donc avec une dizaine d’années de retard que je le découvre.
La Vague s’inspire d’une expérience menée dans un lycée californien à la fin des années soixante. Elle donna lieu dix ans plus tard à un téléfilm et à un roman. Que son adaptation allemande soit passée à la postérité est en soi significatif. Car c’est évidemment au nazisme et aux ressorts qu’il a utilisés pour subvertir la société allemande que La Vague fait immanquablement référence.
La Vague démonte les mécanismes par lesquels un groupe, sous l’emprise d’un leader (Führer en allemand, Duce en italien), se constitue une identité, en se dotant d’un uniforme, d’un logo, d’un salut et en rejetant tous les éléments qui lui sont étrangers ou hostiles.
Le sujet est glaçant. La façon dont il est mis en scène souffre hélas d’une certaine lourdeur démonstrative. Chaque personnage est réduit à sa caricature : le prosélyte enthousiaste, le Kapo bas du front, la résistante, l’opportuniste, etc. Le film est sauvé par son dénouement qu’on n’oubliera pas de sitôt.