Nour (Mehla Bedia) a une vingtaine de kilos en trop, un CDI dans une salle de fitness où elle assure l’accueil en en tenant la compta, une mère très collante et deux meilleurs-amis-pour-la-vie. Nour est une footballeuse talentueuse ; mais son surpoids la complexe. Avec Sissi (Valérie Lemercier), la coach farfelue de son club, elle veut s’initier à un sport plus féminin : la Pole dance.
Grossophobie. Forte fait partie de ces comédies françaises qui tiennent tout entier dans leur pitch. Avant même son commencement, on sait déjà à quoi on aura droit : une fille en surpoids qui, après quelques épisodes drôles sinon embarrassants, apprendra à s’accepter telle qu’elle est. En mineur lui fait écho le personnage de Steph (Bastien Ughetto), dont la sexualité est encore hésitante et qui trouvera à ses questionnements une réponse étonnante.
Sauf que le scénario de Forte, si l’acceptation de soi constitue son sujet, part dans une mauvaise direction : en quoi réussir à se contorsionner sensuellement autour d’une barre métallique constituera-t-il pour Nour la meilleure façon de s’accepter ? Le football où elle excelle (Mehla Bedia avait commencé, dans la vraie vie, une carrière professionnelle au PSG) n’aurait-il pas été un meilleur terrain d’accomplissement ?
Dans le meilleur des cas, on peut escompter passer un bon moment, entre éclats de rire et émouvante empathie. Dans le pire, on ne décrochera pas un sourire et les passages plus graves ne provoqueront qu’un silence consterné. Hélas, Forte – un titre qui, on l’aura compris, renvoie aussi bien au surpoids de l’héroïne qu’à sa force de caractère – relève plutôt de la seconde catégorie.
Pourtant Melha Bedia, l’actrice principale, aussi co-scénariste et co-dialoguiste, s’était bien entourée : son grand frère Ramzy Bedia, Valérie Lemercier, Jonathan Cohen et Alison Wheeler font les utilités. Le problème est que, sauf à être d’une coupable indulgence, elle n’est jamais ni drôle ni émouvante. Son bagout ne fait pas rire ; ses complexes ne font pas réfléchir.
Forte devait sortir le 18 mars 2020. Son affiche avait commencé à décorer les métros et les bus. Las ! le confinement lui barrait l’accès en salles – mais permettait à ses affiches de rester en place pendant plus de deux mois (à côtés de celles de Pinocchio et de Sans un bruit 2). Finalement, Forte est sorti directement sur Amazon Prime – alors que la plupart des films programmés en mars-avril-mai allait trouver finalement, durant l’été ou le début de l’automne, un chemin en salles. Pas sûr que le cinéma y ait perdu au change.