Réformé de l’armée sudiste, le capitaine Kidd sillonne le Texas et lit, au gré de ses haltes, à des pionniers pour la plupart analphabètes les nouvelles du jour (le titre original du film et du livre de Paulette Jiles dont il est tiré est d’ailleurs News of the World). Entre deux étapes, il recueille une fillette égarée, habillée d’une tunique indienne, incapable de parler anglais. Un document officiel le renseigne : il s’agit de Johanna Leonberger dont les parents, immigrés d’Allemagne, ont été tués par les Indiens et qui a été élevée par une tribu kiowa. Après avoir vainement tenté de la remettre aux autorités, le capitaine Kidd décide de la ramener lui-même à sa famille en traversant le Texas. Bien des obstacles entraveront l’exécution de sa mission.
À soixante ans bien sonnés, Tom Hanks est entré dans le dernier tiers d’une carrière impressionnante. Mieux que personne, il a interprété l’Américain moyen, honnête et vertueux, dont des circonstances exceptionnelles révèlent le courage qu’il cache en lui. À ce titre, il fut souvent comparé à James Stewart. Avec La Mission (quel titre fade !), c’est sur les pas de John Wayne et de sa Prisonnière du désert qu’il marche en explorant un des genres les plus mythiques du cinéma américain, le western.
Hélas, le western est un genre qui a vieilli. On a beau dire qu’après une longue somnolence dans les années soixante-dix et quatre-vingts, il serait revenu à la mode depuis Impitoyable de Eastwood, ce ne sont pas la poignée de westerns qui se tournent chaque année, plus ou moins réussis (l’ironique Ballade de Buster Scruggs, l’excellent Hostiles, l’oubliable Jane Got a Gun, le surcoté Les Frères Sisters, etc.) qui lui feront retrouver l’âge d’or qu’il connut dans les années cinquante avec John Wayne précisément.
La Mission (ah ! ce titre !), malgré la publicité que lui en fait Netflix ces jours-ci, qui en a racheté les droits internationaux (le film est sorti en salles aux Etats-Unis fin décembre par Universal), ne restera pas dans les annales. Son sujet en est trop banal, son déroulé trop prévisible. On a trop vu de poursuites à cheval, de fusillades dans la sierra, de mercenaires aux trognes patibulaires chiquant un mauvais tabac, de prostituées au grand cœur et d’Indiens mutiques observant à distance la progression des pionniers dans la plaine pour en être encore aujourd’hui surpris.
Mais La Mission (mais quel est diable le stagiaire de troisième qui a pondu un titre pareil ?!) peut s’enorgueillir d’une qualité inattendue : la prestation de la jeune Helena Zengel. On l’avait déjà vue dans le – remarquable – film allemand Benni. Ici, dans un rôle sans paroles, où ses émotions ne peuvent passer que par le regard, la gamine de douze ans seulement réussit à voler la vedette au grand Tom Hanks. On a oublié les actrices féminines qui jouaient au côté de John Wayne ; je prends le pari qu’on n’oubliera pas cette jeune actrice-là.