François Leclercq (Jean-Paul Belmondo) vient de purger une peine de sept ans de prison pour un double meurtre dont il est innocent. Il revient à Cournai, une grande ville ouvrière du nord de la France, sur les lieux du crime, pour démasquer le coupable. Ce retour teinté de nostalgie est l’occasion de retrouver tour à tour chacun des protagonistes de son passé.
Jeune homme d’origine modeste, Leclercq avait séduit une riche héritière, Gilberte Beaumont-Liégard (Marie-France Pisier) dont le père (Bernard Blier) tenait la ville en coupe réglée, avant de devenir le directeur d’une boîte de nuit où se déroulaient à son insu des trafics louches.
Netflix propose à ses abonnés une dizaine de films de Belmondo. Vu de Los Gatos, Bébel est peut-être une star immortelle du cinéma français. Vu de France, c’est nettement moins le cas. Son sex appeal ne fait plus se pâmer un sexe qui n’est plus faible. Ses cascades ne font plus trembler des spectateurs qui depuis Tom Cruise et Harrison Ford en ont vu bien d’autres.
J’avais vu sur Netflix il y a quelques semaines Stavisky qui m’intéressait parce qu’il était l’œuvre de Alain Resnais et qu’il racontait un épisode célèbre de l’histoire de la IIIème République. J’ai déjà écrit ici le mal que j’ai pensé de ce film vieillot et vieilli.
Je n’attendais pas mieux de cette sixième collaboration entre Jean-Paul Belmondo et Henri Verneuil (il y en aura encore une dernière en 1984, Les Morfalous, que je vis dans la petite salle de cinéma de mon village et dont une réplique de Marie Laforêt me fait encore hoqueter de rire). Circonstance aggravante, il s’agit de l’adaptation d’un roman de Félicien Marceau, un académicien qui a laissé le souvenir d’un romancier conservateur sinon réactionnaire.
Très bizarrement, la mayonnaise prend. Et quarante-cinq ans après, elle n’a pas tourné.
Le récit oscille sans jamais perdre l’équilibre entre l’enquête policière et la chronique de la vie provinciale. Eût-il été plus sardonique, on se serait cru chez Chabrol. Belmondo fait du Bébel, monte les escaliers quatre à quatre, dévoile des pectoraux avantageux (j’ai pensé à Olivier Véran), fume après l’amour – qu’il fait sans qu’on en voit rien bien sûr. Marie-France Pisier y a la beauté du diable – et on pense avec déchirement à la déchéance dans laquelle l’alcool et ses déboires familiaux l’avaient fait tomber à la fin de sa vie jusqu’à sa mort dans sa piscine de Saint-Cyr-sur-Mer. On prend plaisir à retrouver tout un tas de seconds rôles, des plus jeunes (Nicole Garcia, Bernard-Pierre Donnadieu…) aux plus anciens (Daniel Ivernel, François Perrot, Charles Gérard…).
Même si le film dépasse les deux heures et se perd dans des circonvolutions parfois inutiles, on ne regarde pas sa montre et on se surprend à se laisser séduire au plaisir suranné et régressif de ce spectacle d’un autre âge.