Un père défaillant, qui a quitté une dizaine d’années plus tôt le domicile familial, végète dans un emploi minable de vigile. Pendant ce temps, sa femme meurt en défendant son petit commerce face à la mafia locale qui souhaite l’exproprier pour le compte d’un grand conglomérat. Sa fille, aujourd’hui âgée d’une vingtaine d’années, entend reprendre le flambeau, avec l’aide d’un avocat qui se consume d’amour pour elle. Elle aura besoin des pouvoirs télékinésiques dont son père est mystérieusement doté pour y parvenir.
Après Dernier Train pour Busan – qui lui valut un succès mérité et mondial – et Peninsula – qui ne casse pas trois pattes à un canard – le jeune réalisateur Yeon Sang-ho a tourné Psychokinesis. Sorti en salles en Corée en janvier 2018 où il se classa en tête du box-office, il fut racheté par Netflix qui en assure, depuis avril 2018, la diffusion à l’étranger.
Psychokinesis essaie d’articuler trois niveaux de récit. Premièrement le film de superhéros avec un sous-genre qui, depuis Spiderman, a gagné ses lettres de noblesse : le super-héros-malgré-lui.
Deuxièmement, la romance familiale ou l’histoire, courue d’avance, de la réconciliation d’un père et de sa fille.
Troisièmement, la lutte des classes entre le petit commerce menacé d’expropriation et le grand capital corrompu, allié à la mafia et à sa cohorte de gros bras bas-du-front.
Ce programme ambitieux aurait pu sans problème nourrir un film réussi. Hélas, rien ne marche dans Psychokinesis dont les ficelles sont trop grossièrement tissées pour tenir ensemble. La découverte par le héros de ses superpouvoirs est l’occasion d’une scène sans surprise que la bande-annonce avait au surplus déjà révélée. La réconciliation du père et de sa fille est tellement téléphonée qu’elle ne soulève aucune émotion. Quant à l’opposition bloc à bloc des courageux commerçants et des cyniques capitalistes, si elle fournit le prétexte à une scène d’un sadisme étonnant d’une PDG en talons aiguilles, elle est trop caricaturale pour susciter la moindre réflexion.