Alice est une jeune infirmière suisse qui quitte dans les années cinquante son pays natal pour s’installer au Liban. Elle y fait bientôt la connaissance d’un astrophysicien libanais, Joseph, et de son envahissante et chaleureuse fratrie : Mimi sa sœur, Georges son frère et Amal sa belle-soeur ainsi que leurs trois enfants. Alice et Joseph se marient et ont bientôt une fille, Mona. Dans la « Suisse du Moyen-Orient » qu’est alors le Liban, Joseph travaille à un projet fou, envoyer le premier Libanais sur la lune, tandis qu’Alice dessine et vend quelques unes de ses oeuvres. Mais tout bascule en 1975 avec la guerre civile libanaise qui obligera Alice à quitter la terre qui l’avait si généreusement accueillie vingt ans plus tôt.
Chloé Mazlo est une jeune réalisatrice française. Sous le ciel d’Alice est son premier long métrage inspiré de la vie de sa grand-mère. On ressent, à le voir, la nostalgie de cette femme, d’autant plus attachée à une terre ensanglantée par la guerre et réticente à l’abandonner, qu’elle a délibérément choisi de s’y installer. On imagine aussi la curiosité de sa petite-fille à écouter les souvenirs merveilleux de ce paradis perdu.
Pour faire revivre ce passé, plusieurs options s’offraient à la réalisatrice. La plus évidente était la reconstitution historique comme on en a tant vues, quitte à tourner sur un fond vert et à rajouter quelques effets spéciaux. Le parti qu’elle retient, outre qu’il est certainement moins onéreux, est autrement plus original et rappelle les bricolages géniaux d’un Michel Gondry : un tournage en studio, qui ne quitte guère les murs de l’appartement d’Alice et Joseph, des décors et des costumes très gais qui louchent vers la bande dessinée, quelques séquences en stop motion pour évoquer le départ d’Alice de Suisse…
Le tout, gentiment surréaliste, est d’une poésie charmante, d’une infinie douceur, d’un charme fou. La beauté diaphane de Alba Rohrwacher y est parfaite. On n’aurait pas imaginer interprète plus appropriée pour jouer Alice que cette actrice italienne de père allemand au français joliment maladroit. Le seul défaut de Sous le ciel d’Alice vient de sa modestie : son refus de pimenter son récit de rebondissements épiques en rend parfois le rythme un peu lent et sa fin annoncée – puisqu’on sait dès la première scène comment il se terminera – le prive de toute tension.