En 2016, Christo a mené à bien sur le lac d’Iseo en Italie un projet qu’il avait conçu de longue date avec son épouse Jeanne-Claude et qu’il avait d’abord pensé réaliser sur le Rio de la Plata puis dans la baie de Tokyo : construire des passerelles flottantes qui donneraient aux visiteurs qui les emprunteraient l’impression de marcher sur l’eau. L’oeuvre d’art éphémère est constituée de 220 000 blocs de polyéthylène vissés entre eux et amarrés au fond du lac par 190 ancres, recouverts de 100 000 m² de tissu safran. Elle fut déployée pendant près de deux mois et attira une foule considérable de visiteurs.
L’emballage de l’Arc de Triomphe, l’engouement et les polémiques étonnantes qu’il a suscitées ne sont pas étrangers à la sortie en salles de ce documentaire inédit qui revient sur l’avant-dernier projet de Christo, décédé entretemps en mai 2020.
Il est l’occasion de découvrir ce vieux monsieur débonnaire, débordant d’énergie et de créativité dans son atelier. L’autre héros du film est Vladimir, son neveu, qui lui sert tout à la fois d’assistant, de garde du corps et de souffre-douleur.
On suit ce duo attachant tout au long de la conception et de l’installation du projet Floating Piers. Comme chacune des oeuvres de Christo, c’est une installation monumentale, aussi inutile que majestueuse. Les prises de vue de ces immenses lignes brisées posées sur l’eau suffiraient à elles seules à justifier l’intérêt de ce documentaire.
Mais Christo : Marcher sur l’eau nous raconte en bonus une histoire : celle de l’installation de ces pontons. Et le documentaire réussit à y instiller un suspens (même si on en connaît par avance l’issue) : l’oeuvre sera-t-elle installée à temps ? Christo et Vladimir obtiendront-ils toutes les autorisations administratives ? déjoueront-ils les pièges de la météo ? réussiront-ils à faire face à l’afflux de visiteurs qui met la sécurité du site en péril ?
Ce documentaire n’a aucune qualité cinématographique et n’avait pas la prétention d’en avoir. Sa sortie en salles le 15 septembre – dans un circuit très restreint d’ailleurs – n’avait guère de raison d’être sinon, on l’a dit, la concomitance avec l’emballage de l’Arc de triomphe. Mais si d’aventure vous avez l’occasion de le regarder, ne le ratez pas !