Tout dans ce film-documentaire est bizarre et dérangeant.
Son titre. Trop court ou trop long. Emprunté à un livre de R.D Laing et Aaron Esterson. Son affiche : une vieille photo aux tons passés d’enfants sur la plage aux visages occultés.
Son objet : est-ce une fiction ? un documentaire ? une autobiographie ? un clip vidéo ?
Son sujet : Jean reçoit de sa sœur aînée, partie depuis vingt ans au Japon sans espoir de retour, un lot de bandes sonores qui lèvent une partie du voile sur le passé mystérieux de sa famille, endoctrinée par un gourou.
Jean-Baptiste de Laubier alias Para One est diplômé de la Fémis. Il y a rencontré Céline Sciamma dont il a signé la musique électro de la plupart de ses films. Son goût pour la musique, son obsession pour le son transparaît dans ce documentaire qui prend la forme d’une odyssée sonore au Japon, en Bulgarie, en Indonésie. On y voit tout autant quelques vieux extraits de films de vacances en Super-8, des bouts filmés avec des acteurs de fiction que des captations des enregistrements de l’album Spectre, Machines of Loving Grace qu’il était allé enregistrer à travers le monde.
Le résultat est baroque, pour ne pas dire foutraque. On ne sait pas trop à quel saint se vouer – et on se demande si le réalisateur en avait une idée claire. On pense parfois au documentaire autobiographique de Eric Caravaca Carré 35 ; mais le secret qui y était exhumé était autrement plus poignant que le pétard mouillé qu’on découvre à la fin de Spectre. Reste le plaisir qu’on prend à écouter la B.O. – et notamment des chœurs bulgares inouïs.