Réalisé sur un mode quasi-documentaire, Mon légionnaire s’attache à la vie de deux légionnaires et de leurs épouses. Maxime (Louis Garrel) est un jeune lieutenant fraîchement émoulu de son école d’application. Il rejoint le 2ème REP de la Légion étrangère près de Calvi en Corse pour y prendre le commandement d’une compagnie. Sa femme Céline (Camille Cottin) l’accompagne, avec leur fils Paul ; mais, cette avocate de profession a du mal à se couler dans le moule de « l’épouse idéale ».
Vlad (Aleksandr Kuznetsov) est un sous-officier d’origine ukrainienne. Sa fiancée, Nika (Ina Marija Bartaitė, la fille de l’immense réalisateur lituanien, Šarūnas Bartas, tragiquement décédée en avril dernier dans un accident de la circulation), le rejoint à Calvi et découvre la dure condition de femme de militaire.
Rachel Lang avait déjà réalisé en 2016 Baden Baden, un premier film remarquable, qui flirtait avec les frontières de la fiction et du documentaire. Elle poursuit dans la même veine, mais avec moins de réussite.
Elle a fait l’erreur de recruter deux stars, Louis Garrel et Camille Cottin, qui tirent immanquablement le film vers la fiction. Mais elle met en même temps un point d’honneur à décrire scrupuleusement la vie de garnison et le déploiement de la compagnie commandée par Maxime en Opex. Du coup, le film échoue dans un entre-deux inconfortable : pas assez fictionnalisé pour être mélodramatique, pas assez documenté pour nous faire connaître tous les détails de la vie à la Légion.
On a un peu l’impression que la réalisatrice, qui a elle-même signé le scénario, a voulu nous montrer tous les aspects de cette vie-là mais, faute de disposer du matériau documentaire pour le faire, a demandé aux acteurs de les jouer. Toutes les facettes de la vie de couple sont ainsi successivement et scrupuleusement montrées : la douleur que créent les départs en mission des soldats, les fractures insidieuses qu’elles provoquent dans chaque couple, la façon dont certains les colmatent et d’autres n’y parviennent pas, la mort enfin qui rode et qui parfois s’abat…
Cela ne signifie pas que ce portrait délicat de la servitude et des grandeurs militaires manque de sensibilité. Mais il y a dans cet exposé systématique de toutes ses combinaisons possibles un peu trop d’application.