L’espace d’une nuit, quelque part en France, à Paris ou en province, trois destins s’entrelacent. Un ministre corrompu et volage tente de démentir les accusations de fraude fiscale qui pèsent contre lui. Une jeune adolescente, après une visite chez sa gynécologue, a la ferme intention de perdre sa virginité. Un couple de retraités surendettés passionnés de danse de salon espère remporter le premier prix d’un concours pour se renflouer. Le point commun entre les trois histoires : Alexandre, un avocat qui travaille auprès du ministre, prendra la défense de la jeune adolescente et qui est le fils du couple de danseurs.
Oranges sanguines (un titre absurde dont rien ne permettra de comprendre la signification) est un ovni filmique. Sur la forme comme sur le fond.
Sur la forme, il entrelace trois histoires sans lien apparent entre elles, le lien qui se dessine finalement et que j’ai évoqué dans mon résumé ci-dessus se révélant très ténu sinon artificiel. Oranges sanguines vaut moins pour les histoires qu’il raconte que pour les scènes qu’il filme en longs plans fixes. Les premières sont les plus longues et les plus marquantes. C’est là qu’on voit apparaître les seconds rôles du film. Autour de Patrice Laffont, l’immortel animateur du jeu télévisé Des chiffres et des lettres, le jury d’un concours de danse se déchire. C’est l’occasion pour Vincent Dedienne de se lancer dans un vibrant éloge de la diversité et pour Guilaine Londez (son nom ne vous dira rien peut-être mais regardez sa photo et vous la reconnaîtrez immédiatement) de crier son amour pour l’art. Autre scène marquante aussi hilarante que sidérante : la consultation chez Blanche Gardin, une gynécologue passablement barrée qui, dans le langage le plus cru qui soit, donne à une adolescente des conseils déroutants avant son premier rapport.
Sur le fond, Oranges sanguines est une comédie noire et punk volontiers politique. La corruption des élites y est férocement dénoncée, à travers notamment le personnage d’avocat mielleux et amoral interprété par Denis Podalydès. La critique n’y va pas par quatre chemins. Etait-il absolument nécessaire qu’elle emprunte les voies radicales de la seconde partie du film, lorsque le ministre puis l’adolescente croisent le chemin d’un détraqué sexuel (sorte de Dutroux tout droit sorti de C’est arrivé près de chez vous) ? Deux scènes particulièrement trash vaudront au film une interdiction aux moins de douze ans. La seconde, aussi excessive soit-elle, est inspirée d’un fait divers. Pour autant, et même s’il n’est pas bégueule, partagé entre la stupéfaction et l’éclat de rire, le spectateur ne sait plus sur quel pied danser. Le sentiment qui le domine est celui d’être pris en otage devant une outrance certes bien faite mais dont le seul ressort est la provocation.
Le titre ne peut il faire référence aux mets que la jeune fille sert à son bourreau ?
J’étais vraiment enthousiaste au début du film, les débats du jury et la consultation gynécologique sont hilarants. Les 2 personnes âgées et leur sort sont émouvants.
On serait là dans un film social dans la lignée de ‘Effacer l’ historique ‘, en mieux, ou’ Les 2 Alfred’, en un peu plus dispersé
Mais, en effet, l’outrance fait retomber la sauce. Cependant, dans un monde cruel et déprave, il est réconfortant de voir punir les mechants
Je suis bien d’accord avec vous sur les dangers de l’outrance dans lequel ce film s’égare
Mais l’interrogation sur le titre, à mes yeux, demeure