Tous les adolescents d’une banlieue américaine anonyme se préparent pour une soirée importante. Il ne s’agit pas du bal de fin d’année, organisé à grands frais au lycée, mais d’un rendez-vous dans un diner sans âme, Monty’s, dont les jeunes dévorent la spécialité, le « ham on rye » (jambon sur seigle). Après la soirée, la descente est brutale.
Le coming-of-age movie est un genre cinématographique à part entière qui prend pour sujet la sortie de l’enfance, ses rites initiatiques et le passage, plus ou moins traumatisant, à l’âge adulte. Il se noue souvent autour de la prom ou prom night, le bal de promo organisé avant le départ des jeunes lycéens à l’université loin du cocon familial. Les films qui lui sont consacrés sont légion : Carrie, Grease, Footloose, American Pie, Twilight…
Je n’ai rien compris à ce premier film indé américain, qui a pourtant écumé les festivals. Ses premières minutes ont fait naître une curiosité vite déçue. Elles montrent les préparatifs de la soirée et introduisent plusieurs personnages, laissant escompter que se nouent une ou plusieurs histoires autour de cet événement et de ses participants. Mais rien ne se passe ; aucun personnage n’émerge, sinon la jeune Haley qui semble être la seule à ne pas partager la liesse générale.
Pendant toute la première moitié du film, on attend quelque chose qui ne vient pas. L’histoire prendra-t-elle un tour tragique façon Virgin Suicides de Sofia Coppola qu’évoquent les robes virginales de trois jeunes filles en fleur ? un meurtre sera-t-il commis comme dans Twin Peaks de David Lynch auquel ces banlieues anonymes font penser ? je-ne-sais-quel tabou sexuel sera-t-il violé comme dans les films malaisants de Larry Clarke ? l’histoire versera-t-elle dans le gore comme dans Carrie ? Non. Rien de tout cela. L’histoire ne va nulle part.
Au milieu du film, coupé en deux, la fête qu’on avait tant attendue est un non événement, un trou noir. On se dit qu’on s’est assoupi ou bien qu’il s’agit d’une ellipse dont la signification s’éclairera durant la seconde moitié du film ? Là encore, cette attente est déçue. Cette seconde moitié, aussi cataleptique que la première, maintient sans s’en écarter le refus de toute narration. On retrouve la même bande de jeunes à présent désenchantés (se sont-ils drogués ? sont-ils en pleine descente ?). On pourrait se demander s’il s’agit d’une métaphore de la vie d’adulte, une vie qu’on a attendue avec impatience mais qui s’avère désespérément triste. Mais l’ennui nous a depuis longtemps à ce point submergés qu’on refuse de faire cet effort pour sauver ce film du marasme dans lequel il nous a entraînés.