Anas est un ancien rappeur qui vient d’être recruté dans un centre culturel d’une banlieue pauvre de Casablanca. Une quinzaine de jeunes, garçons et filles, suivent l’atelier qu’il y anime. Ils y expriment leur rage de vivre et leur frustration à l’égard d’une société hypocrite.
Nabil Ayouch avait fait souffler un grand courant d’air frais dans le cinéma marocain dans ses précédents films, Much Loved, sur la vie quotidienne de quatre prostituées à Marrakech et Razzia qui entrelaçait l’histoire de quatre habitants de Casablanca épris de liberté.
J’attendais avec impatience son nouveau film, sélectionné à Cannes l’été dernier. Je suis tombé de haut.
Il s’agit en effet d’un documentaire qui ne veut pas dire son nom. Il a pour sujet la Positive School de hip-hop de Sidi Moumen, près de Casablanca et pour protagonistes des acteurs amateurs qui jouent sous leurs vrais prénoms. À tort ou à raison, Nabil Ayouch se borne à filmer leurs quotidiens, sans y introduire la moindre dramatisation (on ne saura rien par exemple du passé du mystérieux Anas).
La rage de ces jeunes est sincère. Elle est communicative. Mais il en faudrait plus pour nous émouvoir.
Car Haut et fort se réduit, une fois son architecture installée, à un message politiquement bien pensant : la société marocaine est écrasée par son conservatisme et le rap est le moyen pour sa jeunesse d’exprimer sa révolte. Sans doute le constat est-il dévastateur et mérite-t-il d’être martelé. Mais il n’est hélas guère novateur et la plate façon dont il est filmé le vide de tout intérêt.