En vertu de l’article 175 du Code pénal allemand, qui depuis 1871 pénalise l’homosexualité, Hans Hoffmann (Franz Rogowski) a été arrêté et déporté sous le nazisme. Mais, à la chute d’Hitler il doit encore exécuter le reliquat de sa peine avant d’être libéré. En 1957 et en 1968, il sera à nouveau arrêté et emprisonné dans le même établissement où il retrouve Viktor (Georg Friedrich), un héroïnomane qui deviendra, malgré son homophobie, son ami le plus cher.
Que la pénalisation de l’homosexualité – en Allemagne comme dans bien d’autres pays du monde – fut et reste encore aujourd’hui une aberration et une monstruosité, bien difficile de ne pas le reconnaître. Le sujet est bien connu qui donna lieu à beaucoup de livres, de films, de documentaires, au rang desquels celui réalisé en 2000 par Rob Epstein et Jeffrey Friedman ressorti le mois dernier à l’Espace Saint-Michel.
Mais on se demande diable quelle actualité a poussé Sebastian Meise, réalisateur allemand inconnu de ce côté-ci du Rhin, à réaliser en 2020 ce film-là. S’il s’inspire de faits réels, il a inventé de toutes pièces le personnage de Hans, remarquablement interprété par Franz Rogowski (découvert chez Christian Petzold), et de Viktor. Sans guère de surprises, l’homophobie de son compagnon de cellule se dissout lentement pour se transformer en une émouvante amitié.
Si le montage de Great Freedom (pourquoi ce titre anglais d’un film allemand ?) permet de passer élégamment d’une époque à une autre, ce film trop classique dure une bonne demie heure de trop.