Deux années ont passé à Gotham City. Les élections municipales approchent qui opposeront le maire sortant et une jeune Afro-américaine réformiste. Batman, le justicier masqué, prend toujours sa part dans la lutte contre la criminalité qui gangrène la mégalopole ; mais sa tâche semble sans fin.
Un tueur sadique le défie, qui enchaîne les crimes, tous plus sadiques les uns que les autres, sur les hautes personnalités de la ville dont il dévoile la corruption. Pour le traquer, Batman (Robert Pattinson) doit se muer en détective, avec l’aide de son toujours fidèle majordome (Andy Serkis), du lieutenant Gordon de la GCPD (Jeffrey Wright) et celle, plus inattendue, de Catwoman (Zoë Kravitz).
Batman revient. Si on compte bien, The Batman est le dixième film de la franchise Warner/DC Comics à lui être consacré. Je me souviens du premier, sorti en France en septembre 1989 et réalisé par Tim Burton. Michael Keaton (dont la ressemblance frappante avec Julien Lepers m’a toujours empêché de le prendre au sérieux) y endossait le costume, sans doute trop grand pour lui, de Bruce Wayne ; Jack Nicholson, dans le rôle du Joker lui volait la vedette. Après les deux films, oubliables et oubliés, tournés par le besogneux Joel Schumacher avec Val Kilmer et George Clooney, Batman connut sa plus incandescente incarnation à l’écran sous la direction de Christopher Nolan. The Dark Knight en 2008 constitue à ce jour le plus grand succès critique et public (un milliard de recettes au box-office à travers le monde !) de la saga, amplifié par l’aura funèbre que lui a conférée pendant la post-production le suicide de Heath Ledger, qui y reprenait le rôle du Joker.
Après Christopher Nolan, Zack Snyder a essayé, avec Ben Affleck, de mélanger Batman à d’autres personnages de son « univers » (les initiés parlent de crossover). Matt Reeves, révélé par Cloverfield et réalisateur de quelques unes des suites (ou des reboots ? mon esprit s’égare) de La Planète des singes, a été recruté après la défection de Ben Affleck qui a renoncé à passer derrière la caméra tout en interprétant le rôle titre. C’est Robert Pattinson, le chouchou de ses dames, qui lui succède dans une prestation hélas bien fade. Quelques acteurs célèbres l’entourent mais sont tellement grimés qu’on les reconnaît à peine : ainsi de Colin Farrell méconnaissable dans le rôle du Pingouin (j’ai un instant cru qu’il s’agissait de Robert de Niro).
Cette longue introduction pour dire que le dixième Batman arrive sur nos écrans après une longue et pénible gestation, un tournage interrompu en plein Covid en mars 2020, qui reprit en septembre avant que Robert Pattinson ne contracte le Covid, pour s’achever début 2021 seulement et une post -production de près d’un an.
Le jeu en valait-il la chandelle ? Hélas non.
Certes, The Batman prend le pari osé de la sobriété et du retour aux sources. On est loin des délires pyrotechniques des films les plus mirobolants de l’univers cinématographique Marvel. Le scénario gagne en profondeur, rappelant les chefs d’oeuvre du film noir des années cinquante. L’intrigue en a la même complexité sinusoïdale, les ambiances, pluvieuses et nocturnes, sont tout aussi envoutantes. Mué en détective, Batman porte la cape comme Humphrey Bogart le trench coat et affiche la même impassibilité stoïcienne.
Le film dure 2h55. Ce serait lui faire un reproche injuste de lui reprocher sa longueur excessive. car le scénario est suffisamment bien rythmé et recèle suffisamment de rebondissements pour qu’on ne regarde pas sa montre. Mais si le plaisir qu’on prend sur le moment est grand, la marque que laisse The Batman se révèle, dès la sortie de la salle, bien fugace, comme ces vins californiens trop charpentés à la majestueuse attaque mais cruellement dépourvus de longueur en bouche.
J’ai vu The Batman hier soir ; je peine à m’en souvenir ce matin ; je l’aurai oublié demain….
Un scénario qui gagne en profondeur, bien rythmé et qui recèle suffisamment de rebondissements pour qu’on ne regarde pas sa montre, une ambiance envoûtante et… une seule étoile !
J’avoue que je suis perplexe. Un plaisir intense, même fugace, n’en reste pas moins un plaisir il me semble…