Fabrizio Collini, un septuagénaire d’origine italienne, tue de sang-froid à Berlin en 2001 Hans Meyer, un respectable capitaine d’industrie. Il se livre à la police et reste muet devant son avocat commis d’office, le jeune Caspar Leinen. C’est à cet avocat débutant qu’il appartiendra de mener l’enquête pour découvrir les motifs de ce crime.
Ce film allemand, sorti début 2019, qui a mis plus de trois ans pour arriver sur nos écrans, est l’adaptation d’un roman de Ferdinand von Schirach. Ce pénaliste allemand est devenu célèbre, en Allemagne et à l’étranger, grâce à ses nouvelles inspirées des affaires dont il a eu à connaître et de sa vie d’avocat. Après deux recueils de nouvelles, L’Affaire Collini était son premier roman, publié en 2011.
L’Affaire Collini est bâti sur un faux suspense que son affiche évente. Avant d’aller le voir, on sait déjà que les motifs de l’assassinat d’Hans Meyer sont à chercher du côté de la Seconde Guerre mondiale et du nazisme. Leur révélation occupera le dernier tiers du film et, bien entendu, nous n’en dirons rien de plus sinon qu’elle mettra en lumière une disposition d’une loi allemande de 1968 qui, en modifiant les règles de prescription, amnistie les « complices de meurtres agissant sur ordre ».
Le débat juridique est d’une grande subtilité. On pourra avec profit lire l’article de Willy Dressen Les poursuites judiciaires contre les criminels nazis en République fédérale d’Allemagne dans la Revue d’histoire de la Shoah pour y voir plus clair. Ce qui est vraiment dommage, qui choque le juriste, mais aussi le non-juriste, est le nombre d’approximations dont ce film se rend coupable pour aboutir à une dénonciation inutilement manichéenne d’un texte dont il est faux de dire qu’il a innocenté des milliers de criminels du Troisième Reich : comment l’avocat Leinen peut-il être autorisé à défendre l’inculpé Contini compte tenu des liens affectifs qu’il entretient avec la victime et sa petite-fille ? comment l’existence d’une procédure engagée par Contini contre Meyer en 1968 pouvait-elle lui être inconnue avant que l’avocat de la partie civile (à côté d’un procureur étonnamment silencieux) ne la révèle dans un rebondissement inutilement mélodramatique ? dans quelle mesure ces circonstances sont-elles opérantes pour apprécier la culpabilité de Contini, sauf à considérer que l’assassinat de sang-froid est tolérable pour se rendre justice soi-même ? Autant d’interrogations dont le film ne s’embarrasse pas à trop vouloir verser dans le sensationnalisme au mépris de la rigueur juridique.
Totalement d accord avec toi. Malgré les quelques questions j ai beaucoup aimé le scenario
Merci pour votre commentaire
Fin de la critique de
SÜDDEUTSCHE ZEITUNG
du 2 août 2021 von Juliane Liebert
Aber angesichts der Wichtigkeit des Themas – eigentlicher Kern ist das « Einführungsgesetz zum Gesetz über Ordnungswidrigkeiten (EGOWiG) », das laut Film etliche Mörder der NS-Zeit ohne Prozess davonkommen ließ — ist solider deutscher Thrillerkitsch einfach zu wenig.