Allons enfants ★★★☆

Le lycée Turgot dans le troisième arrondissement parisien accueille une cinquantaine d’étudiants  en classe de hip-hop. Allons Enfants les a suivis pendant toute une année scolaire.

Thierry Demaizière et Alban Teurlai filment ensemble depuis une dizaine d’années des documentaires intelligents et réussis : Rocco nous ouvrait l’intimité de la star du porno peut-être la plus connue au monde ; Relève documentait le passage de benjamin Millepied à la direction artistique de l’Opéra de Paris ; Lourdes suivait quelques pèlerins sur les traces de Bernadette Soubirous en évitant le double écueil du prosélytisme et du scepticisme ; Move était une mini-série Netflix qui, en cinq épisodes, nous proposait un tour du monde très pédagogique de la danse contemporaine.

Le rapport au corps, la danse constitue décidément un fil rouge dans leur oeuvre comme le montre leur dernier documentaire. Ils ont filmé un projet pédagogique original sinon hétérodoxe : ouvrir l’un des plus élitistes lycées parisiens à des danseurs de hip-hop issus de milieux sociaux et culturels différents.

C’est bien sûr à ces jeunes qu’on s’attache, la caméra se focalisant vite sur une demi-douzaine : Erwan, qui cherche dans la danse un remède aux souffrances d’une enfance perturbée auprès d’une mère alcoolique, Charlotte, l’orpheline, Michèle qui essaie désespérément de s’affirmer malgré sa timidité maladive, Nathanaël, un cancre d’anthologie, aussi paresseux que doué…

C’est aussi l’équipe pédagogique qui les entoure que nous apprenons à connaître : leur professeur de hip-hop dont on mesure l’investissement, la prof principale, qui a la lucidité de comprendre que les matières scolaires ne sont pas la priorité pour ces élèves, plus attirés par la danse que par l’école, le proviseur qui doit, lors des conseils de classe, arbitrer entre des injonctions contradictoires.

Même s’il ne le revendique pas, Allons enfants est un documentaire profondément politique. C’est une ode à la mixité sociale qui montre comment des jeunes gens de milieux et d’origines différents arrivent à étudier et à vivre ensemble, en partageant la même passion et les mêmes valeurs. On est loin de la paranoia d’extrême droite qui estime cette fusion impossible et délétère. On est tout aussi loin des sempiternelles revendications victimaires de l’extrême gauche qui reproche à l’Education nationale, faute de moyens, d’être incapable de résoudre la double question sociale et raciale qui divise notre société.
Allons enfants est la démonstration qu’un vivre ensemble est possible, qu’il s’enrichit de nos différences, qu’il est créateur de beauté et révélateur de talents.

La bande-annonce

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