Sami est un Palestinien qui a tourné le dos à ses origines pour s’intégrer à la société israélienne. Le temps du mariage de son frère cadet, il a accepté de revenir dans son village natal, avec sa femme et son fils. Il s’y retrouve enfermé par le blocus des forces israéliennes.
Assigner à Et il y eut un matin une nationalité n’est pas chose aisée. C’est l’œuvre d’un réalisateur israélien, Eran Kolirin, dont le premier film, Le Voyage de la fanfare, racontait avec une ironie tendre l’errance d’une fanfare égyptienne dans le désert du Néguev. C’est l’adaptation d’un roman écrit en hébreu par un auteur palestinien, Sayed Kashua. C’est un film qu’Israël a retenu pour la représenter aux Oscars au titre du meilleur film en langue étrangère mais dont la sélection à Cannes dans la section Un certain regard en juillet 2021 comme film israélien a été boycottée par la distribution palestinienne.
On réconciliera tout le monde (ou personne !) en disant que ce film israélo-palestinien raconte avec beaucoup d’intelligence la vie suspendue dans une enclave arabe. Le blocus qu’y impose l’armée israélienne pour un motif mystérieux qui s’éclairera brutalement avec la dernière image du film, s’il éloigne Sami de son travail à Jérusalem et de sa maîtresse, lui donne l’occasion salvatrice de reconsidérer l’échelle de ses valeurs. Toutes choses égales par ailleurs, on pourrait dire la même chose du confinement que nous avons tous subi en 2020.
Une panoplie de personnages secondaires l’entoure dans son petit village : un beau-frère collabo convaincu que le blocus serait levé si tous les travailleurs illégaux étaient raflés, un frère immature qui n’a pas le courage d’honorer son épouse, un ami d’enfance conducteur de taxi qui rêve de reconquérir l’amour de la femme qui vient de le quitter, un caïd qui profite du blocus pour faire régner sa loi….
L’ensemble est attachant. Il rappelle le cinéma d’Elia Suleiman et son humour volontiers absurde. Son faux rythme un peu atone le dessert même s’il peint admirablement la fatigue sinon la désespérance d’un peuple palestinien privé d’espérance.