Un haut-gradé de la police se suicide. Un sergent (Glenn Ford) est chargé d’enquêter et découvre la corruption qui gangrène les forces de l’ordre. Après qu’un attentat qui le visait a tué sa femme, il décide de retrouver les criminels et de se venger.
Règlement de comptes est un film réalisé au début des années cinquante par Fritz Lang, alors au sommet de son art. Il vient de réaliser Le démon s’éveille la nuit et La Femme au gardénia et va enchaîner avec Désirs humains et Les Contrebandiers de Moonfleet. La légende de Hollywood raconte qu’il aurait tourné Règlement de comptes en quinze jours seulement, ce qui constitue un record.
Les cinéphiles se disputent pour savoir si Règlement de comptes est ou non un film noir. Il en a l’atmosphère crépusculaire et les personnages (le flic obstiné, l’entraîneuse au grand cœur, le porte-flingues sadique…) ; mais il n’en respecte pas tous les canons. Le héros interprété par Glenn Ford – jusqu’alors abonné aux rôles de méchants – annonce en fait déjà les personnages de justicier solitaire joués par Clint Eastwood dans les 70ies ou par Charles Bronson dans les 80ies qui n’hésitent pas à user de la violence pour combattre la violence.
Même si aujourd’hui il semble bien innocent, Règlement de comptes avait choqué à l’époque. Il débute par un suicide au pistolet filmé en caméra subjective. On y voit une scène devenue mythique : Lee Marvin – qui faisait ses débuts et dont le visage encore poupin est à peine reconnaissable – ébouillante avec une carafe de café Gloria Grahame. Mais Règlement de comptes reste dans les limites de ce que la morale autorise : le personnage joué par Glenn Ford retient son bras et n’achève pas le meurtrier de sa femme. L’Inspecteur Harry n’aura pas de telles pudeurs deux décennies plus tard.