La cinquantaine, Juliane Verbecke (Sophie Marceau) est commissaire de police à Paris. Durant ses loisirs, elle écrit des polars. Elle ne se remet pas de la mort accidentelle de sa sœur Lara, cinq ans plus tôt. Son chagrin est décuplé quand elle découvre l’infidélité de son mari (Johan Heldenbergh).
Tout est raté dans le dernier film de Jean-Pazul Civeyrac qu’on avait connu plus inspiré (Mes Provinciales). À commencer par ce titre prétentieux qui voudrait faire de cette femme trompée mais entière le symbole de son époque.
Sophie Marceau incarne le rôle-titre. On la reconnaît facilement sur l’affiche. Mais elle est méconnaissable dans la bande annonce, les traits tirés par les liftings ou les années qui passent. L’actrice-préférée-des-Français (l’est-elle encore ?) a le mérite de se faire rare sur les écrans. Ici elle fait la gueule pendant tout le film dans le rôle improbable d’une commissaire de police qui ne mène aucune enquête et d’une écrivaine qui n’écrit pas une ligne.
On comprend mal ce que le réalisateur a voulu lui faire jouer : la détresse de la femme trompée ? la détermination d’une Diane vengeresse ? la bifurcation d’une vie qui bascule ? Sophie Marceau a appris à tirer à l’arc pour les besoins du rôle. Les heures de coaching se voient à l’écran : on entend son professeur lui répéter « le coude levé ! » quand elle arme ses flèches.
Le scénario la met dans des situations aussi dénuées de crédibilité qu’embarrassantes. À commencer par celle, dans la garçonnière de son mari (qui donne sur la porte Saint-Denis), où elle assiste à ses ébats bruyants depuis la salle de bains. De façon récurrente, il recourt aux cauchemars et aux réveils en sursaut pour faire avancer l’action, une facilité qu’on pensait prohibée par le code de déontologie des scénaristes. Le ridicule culmine avec la scène finale dont on ne dira rien, mais que l’affiche laisse augurer (eh oui ! c’est ça ! vous avez bien compris !).