Immigré de la deuxième génération, Ryad (Roschdy Zem) s’est parfaitement intégré. Présentateur à succès d’une émission de sport sur une chaîne de télévision, il vit avec Emma (Maïwenn) dans un luxueux appartement dominant la Seine. Il forme avec ses trois frères, sa sœur et leurs enfants une bruyante et joyeuse famille. Mais quand son frère Moussa (Sami Bouajila), qui traverse un divorce difficile et frise le burn out au travail, a un grave accident neurologique qui libère sa parole, les non-dits refont surface.
Roschdy Zem est devenu tardivement la coqueluche du cinéma français. Il tourne depuis plus de trente ans (il a décroché son premier rôle en 1987 dans Les Keufs de Josiane Balasko) et a lentement creusé sa place (il est nommé six fois aux Césars entre 2000 et 2012 sans jamais décrocher de récompense). La consécration vient enfin en 2020 avec le César du meilleur acteur pour Roubaix, une lumière. Depuis, Roschdy Zem est partout : Enquête sur un scandale d’État, Madame Claude, Les Enfants des autres, L’Innocent….
Roschdy Zem avait déjà réalisé cinq films. Les Miens est son sixième, incontestablement le plus autobiographique, Le premier d’ailleurs, après Mauvaise Foi (2006), qui l’était déjà beaucoup, où il se tient des deux côtés de la caméra. Il est inspiré du grave accident neurologique qui est arrivé à son frère cadet et dont celui-ci a tiré un livre.
Roschdy Zem a co-écrit le scénario avec Maïwenn. Il en porte la patte, la même que celle, reconnaissable au premier coup d’œil qu’on sentait dans ADN que j’avais tant aimé malgré ses défauts. Car Maïwenn n’a pas son pareil pour filmer jusqu’à l’hystérie de chaotiques scènes de famille où les caractères se dessinent progressivement à travers leurs bruyantes interpellations. Chez Maïwenn, il faut s’engueuler pour se prouver qu’on s’aime. C’est sans doute fatigant dans la vie de tous les jours mais très efficace au cinéma et pas ennuyeux pour un sou.
Le Moussa du film est atteint d’une maladie qui le transforme : le frère gentil et effacé, toujours prêt à excuser les autres, ne mâche plus ses coups et lâche ses coups. Il assène à tous ses proches leurs quatre vérités, souvent cruelles. Le procédé est un peu facile ; il n’en est pas moins désopilant. Sa réussite repose largement sur l’efficacité du jeu de Sami Bouajila dont on se demande comment il a réussi à contenir les fous rires que ses répliques suscitent.
Les Miens est un film touchant et sensible sur la famille, les liens qui s’y nouent, les dettes qu’on y contracte, le soutien indéfectible dont on peut en escompter ; mais c’est un film trop léger pour laisser une trace durable.