Vous aimez le journalisme ? Vous aimez la politique ? ce documentaire est pour vous.
Salhia Brakhlia anime depuis 2020 avec Marc Fauvelle la matinale de France Info. Pendant l’année qui précède les élections présidentielles, elle a accepté d’être suivie par la caméra de Mouloud Achour.
L’exercice a sa part d’ambiguïté : les séquences retenues font un peu trop la part belle à sa réalisatrice/personnage principal/héroïne. Quelles sont celles qui ne l’ont pas été et qui l’auraient peut-être présentée sous un jour moins favorable ?
Toujours est-il que ce documentaire éclaire la profession de journaliste, en en montrant d’abord les contraintes : se lever chaque jour à 3h30, pour lire la presse et être sur le pont pour ouvrir la matinale. Mais la principale contrainte est dans la neutralité qu’il faut impérativement garder. Neutralité dans la liste des invités qui doit englober tous les candidats. Neutralité dans la façon de mener les interviews en évitant le double écueil systématiquement reproché à tous les journalistes : qu’ils portent la contradiction, on leur reprochera d’être de parti pris, qu’ils se taisent, on leur reprochera leur complaisance. Ce défi-là semble avoir été gagné. La preuve : les critiques reçues de tous les horizons qui reprochent à France Info à la fois d’être le suppôt de la Macronie et de faire le jeu de l’opposition.
S’il éclaire la profession de journaliste, ce documentaire a un second atout : ce qu’il nous montre des politiques, tout en nous offrant un regard rétrospectif dont on mesure a posteriori les emballements (Zemmour, Pécresse….). Chacun des candidats passe à la matinale de France Info et chacun a droit à sa scène : Marine Le Pen, qui se plaint qu’on vienne lui chercher des poux dans la tête quand elle est interrogée sur le salaire qu’elle reçoit de son parti alors qu’elle n’y exerce plus aucune fonction officielle, Anne Hidalgo qui s’illusionne sur ses chances – alors que Bertrand Cazeneuve est autrement plus lucide – Valérie Pécresse qui se ridiculise quand elle parle de ses électeurs qui se connectent moins aux réseaux sociaux parce qu’ils travaillent plus, Eric Zemmour qui revendique aux journalistes le droit d’avoir des opinions et de les afficher, Jean-Luc Mélenchon, que la matinale a dû traquer à La Réunion pour avoir une interview qu’il refusait de faire à Paris, Emmanuel Macron, qui après avoir refusé de faire campagne, accepte de venir à Radio France entre les deux tours…
Le plus impressionnant est Jordan Bardella – qui n’était pas candidat à la présidentielle mais qui est pourtant régulièrement invité à France Info pour y porter la parole de Marine Le Pen. Impressionnant par son calme et sa maîtrise. Impressionnant par les monstruosités racistes qu’il assène sans ciller. Glaçant….