Au XIVème siècle, au Japon, Tomona, un jeune orphelin frappé de cécité joue du biwa en nourrissant le projet de venger son père assassiné. Dans les rues de Kyoto, il rencontre Inu-Oh, une étrange créature aux bras démesurément longs et au visage monstrueux caché par un masque. C’est le fils du directeur de la plus célèbre troupe de théâtre nô de la capitale impériale. Les deux jeunes gens forment un duo décapant dont les concerts révolutionnaires rencontrent un immense succès.
Inu-Oh est l’adaptation d’un roman de Hideo Furukawa paru en 2017, Le Roi chien. Ce livre est inspiré du Dit des Heike, un grand classique de la littérature médiévale japonaise, qui raconte la lutte entre deux clans de samouraï pour le contrôle du Japon et la bataille dantesque qui les oppose à Dan-no-ura en 1185. C’est avec cette bataille que débute l’histoire de Inu-Oh, dont l’un des deux héros, Tomona, est le fils d’un plongeur assassiné alors qu’il vient de retrouver au fond des océans une épée, en fait un des trois trésors sacrés dont la réunion permettra à celui qui les possède de prétendre au titre d’empereur.
Le Dit des Heike est un texte qui s’est transmis oralement à travers les siècles. Les Biwa hoshi, les prêtres au luth, qui sillonnaient le pays en récitant cette épopée et en s’accompagnant au biwa, en étaient les gardiens. Tomona, le fils du plongeur assassiné, incarne cette tradition.
C’est cette ancienne tradition historique qui a inspiré Masaaki Yuasa, réalisateur de Lou et l’Île aux sirènes, Cristal du long métrage à Annecy en 2017, et de Ride your Wave. La musique joue un rôle important dans son film, qui compte notamment une séquence musicale délirante de près de trente minutes, dont les images folles m’ont rappelé les délires psychédéliques de The Yellow Submarine. Tout ce que l’animation autorise y est utilisé.
Je reconnais volontiers à ce cinéma ébouriffant une énergie folle et un exotisme rafraîchissant. Mais, j’ai beau essayer de m’ouvrir à des styles de cinéma qui ne me sont pas familiers, j’ai du mal à sympathiser avec ces formes-là, trop déroutantes, trop extravagantes pour moi.