Alors que la tuberculose va l’emporter à trente ans à peine, Emily Brontë (Emma Mackey) revient sur les circonstances qui l’ont conduite à prendre la plume et à rédiger son chef d’oeuvre, Les Hauts de Hurlevent.
Les Hauts de Hurlevent occupent dans le panthéon littéraire une place éminente. Aussi célèbre en Angleterre qu’à l’étranger (il fait l’objet d’un véritable culte au Japon), il compte parmi les romans les plus lus au monde, avec Anna Karénine, Les Misérables et Les Raisins de la colère. Sa célébrité doit beaucoup à celle de son auteur, la fille d’un austère pasteur anglican, qui passa son enfance à arpenter les landes du Yorkshire avant de mourir fauchée dans sa prime jeunesse en laissant quelques poèmes et un seul roman.
Les Hauts a été porté un nombre incroyable de fois à l’écran. L’adaptation la plus célèbre remonte à 1939 avec Laurence Olivier. Wikipedia m’apprend que Bunuel en 1954 et Rivette en 1956 s’y sont frottés eux aussi. Je ne connaissais pas ces deux adaptations là. En revanche j’ai vu et aimé la dernière en date en 2012 signée Andrea Arnold, pleine de bruit et de fureur.
Le film de Frances O’Connor n’est pas une énième adaptation des Hauts, mais un biopic sur Emily. Il donne la part belle à la relation qu’elle a eue, ou plutôt qu’elle aurait eue car ses biographes ne s’accordent pas sur ce point, avec le vicaire Weightman qui donnait à la jeune fille des cours de français et qui assistait son père dans sa charge. Il évoque bien entendu ses liens, mélange de tendresse et de jalousie, avec ses sœurs, Charlotte – qui écrivit Jane Eyre la même année que Emily Les Hauts – et Anne, mais aussi longuement ceux avec son frère, Branwell, qui sombra dans l’alcool et le laudanum et qu’elle suivit dans la tombe trois mois après sa mort.
Sur le papier, Emily s’annonce comme une superbe oeuvre romantique à souhait, portée par l’interprétation exaltée de la belle Emma Mackey (Mort sur le Nil, Eiffel). Mais, hélas, la recette fait long feu et au bout d’une demi-heure – alors que le film en dure trois de plus – on s’y ennuie ferme. La caméra a beau balayer la lande dans de longs travellings rasants ; les cuivres et les cordes ont beau s’élever dans une musique sursignifiante qui souligne à l’excès chaque rebondissement ; rien ne nous sauve de l’ennui pesant qui bientôt s’installe et jamais ne se dissipe.