Jean-Philippe (Philippe Katerine) et Sophie (Sophie Letourneur), la quarantaine, sont englués à Paris dans un train-train qu’ils décident de rompre en partant en vacances. Pour « rendre l’ordinaire extraordinaire », ils optent non sans hésitation pour l’Italie où Jean-Philippe s’est pourtant souvent rendu.
Sophie Letourneur s’est imposée dans le jeune cinéma français avec des films à la bonne franquette, naturalistes et autofictionnels : La Vie au ranch (2009), Le Marin masqué (2011), Les Coquillettes (2012). Après une tentative, plutôt réussie, de comédie grand public, Enorme (2019) avec Marina Foïs et Jonathan Cohen, elle revient à sa veine originale en se mettant elle-même en scène dans la reconstitution plus ou moins fidèle des vacances qu’elle a passées avec son compagnon Jean-Christophe Hym, en Sicile en 2016.
Le sujet se prêtait à deux types de traitements radicaux. La version comique et franchouillarde façon Camping ou Les Premières Vacances. La version sérieuse et rossellinienne à laquelle Sophie Letourneur fait de l’oeil : Voyages en Italie est le premier volet d’une trilogie dont les prochains volets s’intituleront Vacances romaines et Divorce à l’italienne.
La bande-annonce m’avait mis l’eau à la bouche. Quelques saynètes laissaient escompter un film désopilant. Las ! La sauce ne prend pas.
On sent bien le sous-texte du film : une réflexion sur le sens du couple et le désir qui s’étiole. Mais la façon de le traiter reste si prosaïque et si monotone que l’ennui s’installe vite. Quelques scènes font sourire – la plupart figuraient déjà dans la bande-annonce – aucune ne fait vraiment rire. Tel n’est d’ailleurs pas le but avoué du film.
Certes, Voyages en Italie nous rappellera à tous inévitablement des scènes vécues, plus ou moins dérisoires : des nuits hachées dans des chambres bruyantes, des bagages perdus, des retards imprévus, des visites décevantes par la faute de la masse de touristes ou d’une météo défaillante…
Mais, Dieu merci, nos vacances, si elles connaissent ces épisodes-là, en connaissent aussi quasiment toujours d’autres miraculeux : un coucher de soleil à couper le souffle, une petite église pleine de charme et déserte au bord du chemin, une discussion inopinée autour d’une table d’hôtes…
Tout se passe dans Voyages en Italie comme si des vacances étaient uniquement constituées de désagréments irritants. Il n’y a aucun rayon de soleil, aucune bonne surprise dans ce voyage-là. On en finirait presque, avec les deux vacanciers, si l’extraordinaire est décidément si ordinaire, par anticiper son retour à Paris.