Née en 1989, rejetonne de la classe moyenne moscovite, Marusya est une adolescente dépressive que sauve du suicide la rencontre en 2005 d’un adolescent à peine plus vieux qu’elle et qui partage ses obsessions et ses addictions. Il mourra en 2016, comme nous l’apprend ce documentaire filmé à partir des centaines d’heures de vidéos enregistrées par Marusya pendant toute leur vie commune et même après leur séparation en 2013.
How to Save a Dead Friend est un documentaire qui peut se lire à deux niveaux.
Le premier est une histoire d’amour entre deux naufragés dont on sait par avance comment elle finira. On peut d’ailleurs se demander si le documentaire n’aurait pas été plus efficace en laissant planer le suspense sur son issue fatale. Kimi est un adolescent trop tôt vieilli, détruit par sa dépendance aux drogues les plus variées. Mais c’est grâce à lui, malgré tous ses défauts, que la jeune Marusya, dont on voit dans toutes les images une lueur au fond des yeux, absente de ceux de Kimi, s’accrochera à la vie et deviendra, après des études de cinéma à Moscou, une belle jeune femme, aujourd’hui exilée à Vienne.
Car – c’est l’autre versant de ce film – How to Save a Dead Friend documente, comme l’avait fait avant lui Leto pour la jeunesse soviétique dans les 80ies, la jeunesse russe sous Vladimir Poutine des années 2005-2015. Telle est du moins la version, partiellement inexacte, qui nous en est vendue. Car hélas, de la Russie poutinienne, How to Save a Dead Friend ne nous montre pas grand-chose sinon les vœux que chaque année Poutine – ou son éphémère doublure Medvedev – adresse à ses compatriotes. Rarement la caméra video de Marusya quitte-t-elle le petit appartement sordide que le couple partage, sauf une fois ou deux pour filmer des manifestations auxquelles il prend part. Et c’est bien dommage ; car on aurait aimé en savoir plus de ce qu’est d’avoir vingt ans en URSS… pardon… en Russie.