Mère célibataire, Sylvie (Virginie Efira) tire à Brest le diable par la queue et élève seule ses deux enfants, Jean-Jacques (Felix Lefebvre, révélé chez Ozon), un adolescent qui a trouvé dans la trompette et la pâtisserie un moyen de soigner sa boulimie, et Sofiane. Une nuit où Sylvie travaillait et où Jean-Jacques n’était pas rentré, le petit Sofiane se brûle au second degré en voulant se cuisiner des frites. Un signalement à l’Aide sociale à l’enfance provoque son placement. Sylvie, effondrée, se rebelle.
Il y a deux façons de lire ce film.
La première, la plus spontanée, érige Sylvie en victime d’un système administratif aveugle qui ignore le lien qui l’unit à son fils, l’amour qu’elle est capable de lui prodiguer, le trou béant dans lequel elle va s’enfoncer si Sofiane lui est retiré ainsi que le traumatisme dévastateur que cette séparation causera chez l’enfant. Ce film-là a l’avantage de la simplicité. Virginie Efira y est parfaite, qui suscite spontanément notre sympathie en Erin Brockovitch de l’ASE. Mais le film a le défaut de ses qualités : il sombre vite dans le manichéisme. Et il se condamne à une surenchère bien vite irritante – chaque tentative de Sylvie pour retrouver Sofiane se heurte au refus obtus de l’administration de le lui rendre – jusqu’à un épilogue prévisible : n’ayant plus « rien à perdre », l’héroïne n’a d’autres solutions que de brûler ses vaisseaux.
Mais Rien à perdre se prête aussi à une lecture plus subtile. Il n’oppose plus bord à bord une mère aimante à une administration butée. Plus subtilement, il laisse planer un doute sur les failles de Sylvie et, surtout, montre que l’administration, guidée par un principe de précaution, agit pour le bien de l’enfant. Cette subtilité-là, c’est India Hair qui l’instille dans le rôle d’une assistante sociale toute en nuances. Ce film-là est autrement plus ouvert que le précédent. Mais il souffre d’un défaut paradoxal et rédhibitoire : Virginie Efira. L’actrice est si connue, si belle, si solaire, qu’on ne peut que prendre fait et cause pour elle. Pour tourner ce film-là, la réalisatrice Delphine Deloget aurait dû choisir une actrice moins connue, moins séduisante.
en lisant votre article j’ai pensé que décidement V.Efira choisissait mal ses rôles. Car
déjà dans » en attendant Bojangles » elle » faisait » l’actrice , elle ne vivait pas le personnage .