Oury Milshtein est inconnu du grand public. Il est pourtant une personnalité importante du cinéma français qui a produit depuis quarante ans plusieurs dizaines de films aux côtés d’Agnès Varda, de Jacques Doillon, d’Arnaud Desplechin ou d’Alex Lutz. Marié à la fille d’Enrico Macias, divorcé, remarié, il a eu de ces deux unions cinq enfants, avant de vivre quelques années avec Kate Barry, la fille de Jane Birkin dramatiquement disparue en 2013. Sa vie, qui pourrait ressembler à celle, joyeusement neurasthénique, de n’importe quel Juif ashkénaze français, a été marquée par un drame dont il est resté inconsolable.
Jetez un œil à cette affiche. On y lit – ce qui n’est pas fréquent – une blague juive. On la croirait tout droit sortie d’un film de Woody Allen. Si on se fie au titre de ce film et si on en lit le pitch, qui insiste sur le mariage grandiose et raté d’Oury Milhstein avec Jocya, la fille d’Enrico Macias, on imagine volontiers un documentaire autobiographique centré sur cette cérémonie ostentatoire et peut-être sur ses suites calamiteuses.
Mais Pour ton mariage n’a pas grand chose à voir avec son titre. À soixante-six ans, Oury Milshtein pressent qu’il n’aura guère d’autres occasions de revenir sur sa vie et, sans y mettre pour autant la moindre ostentation, entend l’embrasser tout entière.
Le résultat est décapant. Décapant dans la façon de le raconter, en partant d’un grand dîner familial avec ses deux ex-femmes – qui s’entendent comme larrons en foire alors qu’on aurait plutôt imaginé une franche détestation entre elles nourrie de mille et une trahisons – et ses enfants soudés dans une étonnante et chaleureuse complicité. Décapant dans ce qu’il raconte de la vie d’un homme, de ses parents et de la relation compliquée qu’il entretint avec son père et avec sa mère, de son éducation en Israël chez une tante, de ses mariages successifs et finalement de sa vie qui va s’achever.
Le résultat est gai comme la blague juive de l’affiche, et triste comme elle. Mazel Tov !