Delphine (Louise Bourgoin) est une agrégée de lettres classiques désabusée qui a passé un pacte avec la bande de cinq élèves paresseux qu’elle se coltine depuis la classe de seconde : en échange de la paix royale qu’ils lui laissent, elle leur met à tous 19 de moyenne. Mais son stratagème se retourne contre elle lorsque ces résultats exceptionnels qualifient ses élèves pour une compétition internationale de latin organisée à Naples. Leur ignorance crasse risque d’éclater au grand jour. D’autant que Rodolphe (Xavier Lacaille), le propre neveu de la directrice (Noémie Lvovsky), qui termine une thèse sur l’apprentissage immersif du latin, est du voyage.
Je suis surpris des bonnes critiques de ce film que je lis dans Le Monde, Télérama ou Première. Sans doute Bis Repetita est-il une comédie gentillette. Mais il ne mérite pas tant d’éloges.
Son sujet n’est guère crédible. Si on peut encore concevoir qu’une professeure surnote ses élèves, on imagine mal comment leur nullité ne serait pas révélée dès la première épreuve du concours international auquel ils doivent participer. Le scénario s’en sort avec des gags dignes des Sous-doués passent le bac : ils me faisaient rire quand j’avais dix ans, nettement moins passés les cinquante !
Son motif n’est guère plus convaincant. On redoute d’ailleurs que Bis Repetita ne tourne à la pétition pour la défense de l’enseignement du latin au collège, dans le style des blagounettes qui circulent régulièrement sur les réseaux : « à quoi me servirait d’apprendre le latin pour étoffer mon curriculum vitae ? ». D’ailleurs le scénario semble ne pas y croire vraiment qui ne nous sert pas de cette soupe-là, au risque de la contradiction interne : Bis Repetita (pourquoi diable ce titre ? Pourquoi pas à ce compte « Mare Nostrum » ou « Alea Jacta Est » ?) est un film sur l’enseignement du latin qui ne se donne même pas la peine de défendre l’enseignement du latin.
Restent le film d’ados, vu et revu, avec ces cinq lycéens, échantillon représentatif de la jeunesse d’aujourd’hui (la black de service, la punk taiseuse, l’homo, le rappeur et le blondinet timide), qui peinent à sortir de l’enfance, et la comédie romantique improbable, qu’on voit venir à des kilomètres, qui se soldera par la réunion de ses deux héros, en dépit de leurs différences (d’âge, de taille… pour ne citer que ces deux-là).
Je m’en serais arrêté là et aurais poussé un « coup de gueule » énervé s’il n’y avait pas eu Louise Bourgoin. J’ai pour elle, depuis ses débuts il y a une quinzaine d’années dans La Fille de Monaco, les yeux de Chimène. Sa seule présence au générique suffit à me faire perdre toute objectivité. Je trouve qu’elle respire la classe. Sa démarche me rappelle Sandrine Kiberlain – et les girafes du parc d’Amboseli. Elle a une manière de hausser le sourcil (droit), elle a un rire qui me remuent. Son rôle ici a une vraie profondeur et réussit à jouer aussi bien sur les tableaux de la comédie que du drame. Mais je ne suis pas crédible en cherchant dans le scénario les raisons de mon éblouissement : elle lirait le Bottin qu’elle me subjuguerait encore.