Sasha (Sara Montpetit révélée par Falcon Lake) est une jeune vampire frappée d’une pathologie qui désespère ses parents : une empathie exacerbée l’empêche d’assassiner ses victimes dont le sang constitue pourtant, comme tous les vampires, la base de son alimentation. Mise au pied du mur à la sortie de l’adolescence, elle est chassée de chez elle et confiée aux bons soins de sa cousine, à charge pour celle-ci de lui enseigner les rudiments de la chasse. C’est alors que Sasha fait la connaissance de Paul, un adolescent solitaire, souffre-douleur de ses camarades, hanté par des pulsions suicidaires. Par amour pour la jeune fille autant que par dégoût de la vie, Paul est prêt à sacrifier sa vie pour elle.
Vampire humaniste… nous vient du Canada. Ses québécismes lui confèrent un exotisme rafraichissant. C’est un film désopilant à la croisée de trois genres. C’est d’abord, comme son titre l’annonce, ainsi que son affiche où l’on voit l’héroïne sirotant à la paille une poche de sang, un film de vampire. Mais les vampires n’y sont ni méchants ni terrifiants. Plus Famille Addams (la jeune Sasha rappelle un peu Christina Ricci) que Nosferatu. Ce sont des gens comme tout le monde, sinon qu’ils vivent la nuit et ont besoin de tuer pour se nourrir.
Vampire humaniste… est donc plutôt une comédie, même si on n’y rit pas à gorge déployée (!), qui joue sur le décalage entre l’horreur et le surnaturel dans lesquels de tels personnages sont censés évoluer et, au contraire, l’aspect très trivial de leur quotidien.
Mais plus profondément, Vampire humaniste… est un coming-of-age movie, un film sur la sortie de l’adolescence dans lequel le vampirisme constitue une métaphore à peine déguisée de l’acte sexuel. Le procédé a fait florès. Il est la recette d’un des plus célèbres blockbusters au monde : Twilight – que je devrais peut-être me résoudre à voir un jour, même si j’ai toujours cru qu’il était réservé à des adolescentes en pâmoison devant Robert Pattinson.
Ce pitch ainsi posé est sacrément original et stimulant. Le scénario a le défaut majeur de n’en pas faire grand chose. L’action tarde à s’engager. La rencontre avec Paul n’a lieu qu’après une bonne vingtaine de minutes. Et très vite les termes de l’accord qu’il conclut avec Sasha sont posés : « je me tue, tu me manges ».
Restait à trouver une conclusion au film. Sacrée gageure dont on imagine les difficultés qu’elle a posées aux scénaristes. Ils s’en tirent plutôt bien. La pirouette finale est charmante. On quitte la salle comme on y est entré, le sourire aux lèvres devant ce film dépaysant et charmant.