Enys Men ★★☆☆

Une botaniste s’est installée seule dans une île déserte pour y observer des plantes rares. Nous sommes au large de la Cornouaille, en avril 1973. Rien ne vient troubler la morne répétition des jours. Mais ce train-train quotidien se dérègle mystérieusement.

Enys Men, une expression cornique (!) signifiant l’île de pierre, est un film étonnant. Tourné en 2022, son action est censée se dérouler une cinquantaine d’années plus tôt. Il emprunte la forme et les codes des films des années 70 : le grain de l’image a été désaturé et sa pigmentation volontairement altérée pour donner au spectateur l’illusion de redécouvrir en ciné-club un vieux film dégradé.

Enys Men utilise les codes du folk horror, un sous-genre du film d’épouvante dont l’action se déroule dans des communautés reculées aux mœurs mystérieuses. Les titres les plus emblématiques de ce genre sont The Wicker Man et, plus récemment, Midsommar, mon film préféré de 2019.

Enys Men n’est pas à proprement parler un film d’horreur. Il ne contient aucune scène horrifique. Mais y règne tout du long un climat inquiétant. Son héroïne et le spectateur avec elle pressentent quelque chose. Mais quoi ? Des figures fantomatiques surgissent : une jeune fille suicidaire, des sorcières en plein sabbat autour d’une mystérieuse formation géologique (ou bien s’agit-il d’une pierre dressée préhistorique ?), des mineurs couverts de suie revenus du passé… Le temps se dérègle. Les plantes connaissent de déconcertantes mutations que semble vivre en même temps le corps de l’héroïne, qui se couvre d’un douteux lichen.

Enys Men est une expérience déconcertante. Car si on pressent quelque chose, rien ne s’y passe sinon dans notre inconscient. Il faut accepter de lâcher prise et se laisser prendre à ce jeu hypnotisant. SInon on court le risque de trouver le temps long. Très long.

La bande-annonce

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