Shlomi a dix-huit ans et accomplit son service militaire. Sans l’avoir vraiment prémédité, il déserte l’unité combattante dans laquelle il est engagé à Gaza pour revenir à Tel Aviv y dire adieu à sa copine qui émigre au Canada le lendemain.
Depuis les attaques du Hamas du 7 octobre et la guerre totale déclenchée à Gaza, ce film israélien, tourné par un jeune réalisateur qui ne cache rien de son hostilité viscérale à la politique menée par Benjamin Nétanyahou, prend un relief particulier.
Il témoigne d’abord de l’extraordinaire liberté d’expression qui prévaut en Israël : quel régime accepterait, en pleine guerre, un film dont le héros serait un déserteur ?
Il témoigne surtout d’une jeunesse prise en otage par une spirale guerrière qu’elle ne veut pas. Shlomi, incroyablement habité par le jeune acteur Ido Tako, n’est pas un militant pacifiste. C’est juste un fils, attaché à ses parents et à sa grand-mère, menacée par Alzheimer. C’est juste un gamin, amoureux de sa petite amie avec la folle déraison qui caractérise les gamins de cet âge. Il y a quelques pans cachés dans sa personnalité : il ne nourrit aucun projet professionnel, on ne lui voit pas d’amis. Ce personnage m’a déconcerté : il n’est pas tout entier défini par un trait de caractère comme le sont habituellement les héros hollywoodiens.
Le film, assez déroutant, repose sur un motif à la fois tragique et burlesque : Tsahal, persuadé que Shlomi a été kidnappé par le Hamas, lance une offensive de grande ampleur à Gaza pour le libérer. Aussi Shlomi se retrouve-t-il face à un dilemme : continuer à se cacher et laisser les combats faire rage ou se rendre et être sévèrement puni. J’ai eu peur un instant que le scénario faute de savoir se dépêtrer de cette alternative nous laisse en plan ; mais j’ai beaucoup aimé la manière astucieuse dont il s’en sort.