La Théorie du boxeur ★☆☆☆

Nathanaël Coste vit et travaille dans le Sud de la Drôme. Il y a constaté de visu les effets du réchauffement climatique. Il va à la rencontre de ses voisins, des agriculteurs qui recherchent des solutions concrètes pour s’adapter à la nouvelle situation.

Le titre de ce documentaire peut sembler obscur. Il a une double signification. La première est du registre du constat : comme le boxeur frappé par une succession d’uppercuts entre lesquels il n’a pas le temps de se ressaisir, la nature aujourd’hui est fragilisée par des catastrophes de plus en plus fréquentes. La seconde est du registre des solutions : comme Mohamed Ali face à George Foreman, les agriculteurs doivent améliorer leur sens de l’adaptation, être plus mobiles, plus réactifs, accepter de gagner moins d’argent avec des cultures moins rentables mais plus résilientes.

L’écologie est à la mode. Il ne se passe guère de temps sans qu’on voie sortir un nouveau documentaire, français ou étranger, qui ait pour thème le réchauffement climatique, l’agriculture, le monde paysan et les défis auxquels il est confronté : La Ferme des Bertrand, La Rivière, Cow, Vedette, I am Greta, Demain, Sans adieu… Cette accumulation nous dit beaucoup sur l’époque dans laquelle nous vivons, ses priorités, ses hantises aussi.

On aurait mauvaise grâce de s’en plaindre. Que le réchauffement climatique constitue peut-être le plus grand défi de notre temps, personne, sinon quelques climato-sceptiques hélas encore trop nombreux, ne le conteste. Que le cinéma s’en fasse le reflet et la caisse de résonance, tous devraient s’en féliciter. Que des documentaires qui, jadis, n’auraient jamais trouvé un chemin en salles et auraient été cantonnés à une diffusion télévisée, puissent sortir au cinéma, tant mieux !

Dans ce catalogue déjà bien fourni, Nathanaël Coste essaie d’apporter son témoignage. Il le fait avec une naïveté touchante. Ses commentaires en voix off à la première personne, censés témoigner de son investissement et faire naître la complicité avec le spectateur, sont parfois maladroits. Mais reconnaissons lui le mérite de l’honnêteté intellectuelle. Loin de tout militantisme, de toute idéologie, il s’emploie à montrer les dilemmes auxquels l’agriculture est confrontée.

Il ne s’agit pas, comme on pouvait le redouter, d’une énième charge contre l’agribusiness ni d’une énième ode à la permaculture. Sur les bassines, sur le glyphosate, Nathanaël Coste a un discours étonnamment balancé. Si la monoculture épuise les sols, si la diversité des cultures permet au contraire de les régénérer et de varier les récoltes, le refus obsidional des échanges parfois revendiqué n’est pas pour lui la solution.

La bande-annonce

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