Avril Luciani (Laetitia Dosch) est une avocate suisse qui ne sait pas dire non aux clients, même les plus improbables. C’est ainsi, contre l’avis de son patron (Pierre Deladonchamps), qu’elle accepte d’assurer la défense de Dariuch Michovski (François Damiens). Son chien Cosmos est menacé d’être euthanasié pour avoir mordu et défiguré la femme de ménage portugaise de son maître. Me Luciani opte pour une ligne de défense audacieuse et revendique, pour Cosmos, le statut de sujet de droit, alors que le Code civil suisse l’assimile à une chose.
Les animaux sont-ils des sujets de droit ? On connaît les procès qui au Moyen-Âge ont condamné des cochons, des dauphins ou des mouches, pénalement et même civilement responsables car créatures de Dieu. Ces pratiques furent progressivement abandonnées à l’époque moderne avec la théorie cartésienne de l’homme-machine : seul l’Homme, créature pensante, peut être désormais tenu pour responsable de ses actes.
Voici l’arrière-plan théologique, juridique pour ne pas dire métaphysique d’un film au sujet passionnant qui avait déjà inspiré Les Chèvres sorti en février dernier qui, malgré la présence de Dany Boon à l’affiche, a fait un bide retentissant. Si Les Chèvres se déroulait au dix-septième siècle, Le Procès du chien, au titre bien plat, se déroule à Lausanne de nos jours.
Laetitia Dosch, devant comme derrière la caméra, choisit de traiter ce sujet par le biais de la comédie. Il faut reconnaître qu’il s’y prête et qu’elle s’en sort à merveille. Le mérite en revient largement à son jeu drolatique, à sa rousseur, à sa voix et aux talents dont elle s’entoure : François Damiens hilarant en RMIste louche et décoiffé, Jean-Pascal Zadi en maître chien au cœur gros comme ça et Anne Dorval en avocate zemmouriste prête à tous les coups bas pour obtenir la condamnation du chien qui a mordu sa cliente.
On regrettera simplement les facilités d’un scénario qui, faute de prendre à bras-le-corps son sujet, lui greffe d’inutiles histoires secondaires. Ainsi de celle du jeune voisin d’Avril, maltraité par ses parents, qu’elle prend sous sa coupe et choisit comme fils de substitution.