Né en 1980, Jérôme Laronze était agriculteur en Saône-et-Loire dans la région de Cluny. À la tête d’une exploitation de 130ha, léguée par ses parents, il élevait des bovins. Il a été tué en mai 2017 de trois balles tirées par un gendarme. Il était en fuite depuis neuf jours après avoir échappé à un contrôle administratif. Membre de la Confédération paysanne, Jérôme Laronze était un agriculteur engagé en faveur de l’agriculture biologique, hostile aux normes de traçabilité auxquelles il reprochait de faire le jeu de l’agro-industrie.
L’affaire Jérôme Laronze avait défrayé la chronique en 2017. Cet agriculteur insoumis avait omis de déclarer la naissance de ses bêtes dans les délais impartis et refusait de suivre les procédures imposées par les services de l’Etat. Un contrôle sur place de la DDPP (Direction départementale de la protection des personnes) – qui s’est substituée en 2010 aux anciennes directions départementales des services vétérinaires – organisé sur haute surveillance policière a dégénéré, provoquant sa fuite. Sa traque s’est terminée par sa mort, dans des circonstances qui n’ont toujours pas, plus de sept ans après les faits, donné lieu à un procès.
L’affaire Jérôme Laronze a reçu un énorme écho qui témoigne de l’émotion suscitée par sa mort tragique et de l’exemplarité de sa situation, emblématique d’une paysannerie poussée à bout par des contrôles administratifs tatillons et des conditions de vie de plus en plus difficiles. La journaliste Florence Aubenas lui a consacré une série d’articles dans Le Monde. L’affaire a inspiré plusieurs livres, plusieurs pièces de théâtre et un documentaire sur Arte diffusé en 2022. Le film d’Olivier Bosson, tourné en 2021 et 2022, s’inscrit dans cette riche postérité.
Cette affaire emblématique aurait mérité mieux que ce film maladroit, tourné avec des acteurs amateurs. On est gêné pour eux de les voir aussi mal jouer et s’enferrer dans des rôles manichéens. Devant la caméra d’Olivier Bosson, l’histoire de Jérôme Laronze se réduit à un combat de David contre Goliath, du Bien contre le Mal, d’un agriculteur dur à la tâche, tellement attachant, si proche de sa nièce et de ses bêtes, face à une administration claquemurée derrière le respect de procédures inutilement tatillonnes.