Nome est une jeune garçon bissao-guinéen élevé par sa mère après le décès de son père. Amoureux de sa cousine, il lui fait un enfant, mais s’enfuit de son village par peur de la réprobation dont il risque de faire l’objet. Il rejoint la guérilla indépendantiste qui combat le colonisateur portugais.
Sana Na N’Hada est un réalisateur bissao-guinéen né en 1950. Enrôlé dès treize ans dans la guérilla indépendantiste du PAIGC, il est missionné en 1967 à Cuba pour y apprendre le métier de cinéaste. Revenu en Guinée-Bissao, il filme les combats qui se concluent en 1974 par l’indépendance de l’ancienne colonie portugaise. La majorité de ces enregistrements ont été perdus. Mais ceux qui ont pu être sauvés sont utilisés dans Nome, qui voit alterner des images de fiction contemporaines en couleurs et des images documentaires d’époque en noir et blanc.
Pour autant, Nome n’est pas un documentaire historique qui raconte la guerre d’indépendance. C’est plutôt un conte centré sur son héros, dont le patronyme – « Nome » signifie en créole « homonyme » – sonne comme un programme. Nome est d’abord un enfant privé de son père, dont le fantôme l’accompagnera sa vie durant. C’est aussi un villageois habité par les croyances animistes qui lui ont été léguées. Il devient guerrier par hasard, sans verser dans la geste héroïque que les Pères de l’indépendance ont entendu écrire pour glorifier leur combat et en faire le ferment du nouvel État. Mais une fois cette indépendance durement acquise, il est le témoin du désenchantement révolutionnaire, quand les intérêts privés et l’appât du gain l’emportent sur l’intérêt général.
Soutenu par l’ACID, qui l’avait retenu dans sa sélection à Cannes, Nome est sorti en France en mars dernier. J’ai eu la chance de le voir en présence du réalisateur. J’ai été impressionné par sa haute stature et sa lente élocution.
Pour autant l’exotisme de ce cinéma et l’intérêt historique de Nome ne suffisent pas à gommer ses maladresses, notamment dans la direction d’acteurs.